You tell me that it's evolution. Well, you know...

Après avoir écouté (et critiqué) OK Computer il y a quelques jours, je continue mon marathon découverte de Radiohead, ce groupe "génie" de la musique moderne, avec le suivant, Kid A. Plus expérimental, moins mainstream et néanmoins pas moins loué par des critiques maintes fois élogieuses (il suffit de jeter un oeil au nombre de 10 et de recommandations sur SensCritique), je m'attendais à tout et rien de la part du groupe, et j'ai bien fait.

Tout d'abord, niveau expérimentations, nous voilà servis. Radiohead fait dans le psychédélique, dans le post-rock, dans les teintes électroniques façon trip-hop ou encore dans le free-jazz. Largement moins de guitares, beaucoup plus de synthé. Un changement net et radical par rapport à la plupart des morceaux de l'opus précédent où la guitare soutenait magnifiquement les quelques inspirations novatrices du groupe. Ici la basse joue le rôle simple (et simpliste ?) de "sample", de fond répétitif et hantant. Les effets font légion, plus ou moins originaux, plus ou moins efficaces, plus ou moins touchants. On saluera tout de même la prise de risque et l'expérimentation qui devaient marquer cette période de la musique à travers le dyptique que l'album forme avec le suivant... Pourtant, tout cela ne peut m'empêcher de penser à Pink Floyd. Nombre d'effets ont déjà été utilisés par ces derniers et rappelons qu'il ne suffit pas d'ajouter une trompette ou un saxo en solo à la fin d'un morceau pour que celui-ci devienne bon. Non, en réalité, Radiohead cherche du nouveau mais ne le trouve pas (à part peut-être dans Idioteque qui porte quelque chose d'un peu plus neuf malgré la langueur du morceau). Enfin, cela semble être totalement nouveau pour ses auditeurs qui ont du oublier de réviser leurs classiques...

Mais en fait, Kid A est bizarrement un album schizophrène à mes yeux, il peut éveiller les papilles auditives de mes oreilles sur certains instants tandis qu'au suivant, elles s'ennuient à mourir. Radiohead fait la même erreur que dans OK Computer, pour chaque bonne idée, le groupe ajoute une mauvaise idée afin d'équilibrer la balance. Pourquoi ?! Grand Dieu (encore une fois, si tu existes) pourquoi ?! Exemple: The National Anthem. Un morceau dont on retient avant tout le solo de trompette final en free-jazz, l'atmosphère électronico-mélancolique (de manière plus marquée que dans le reste de l'album), les bonnes idées au niveau des effets. Et par dessus ça, on a le chant de Thom Yorke. Mon appel tient toujours: bâillonnez-le. Sauf qu'ici, Radiohead, pour vraiment bien gâcher le morceau, a l'idée de superposer à cela un violon grinçant qui accompagne "parfaitement" la mélodie chantée, pour que la torture soit réellement insoutenable pour l'auditeur. Je retrouve dans ce morceau mon appréciation de Paranoid Android, un titre sali, souillé, par une voix. Si je devais comparer OK Computer et Kid A, je dirai que le premier avait trop de chant sur de l'instrumental très bon, le second, malgré qu'il soit bien plus instrumental, est aussi bien plus chiant.

Au final, peut-on dire qu'il y a là-dedans une révolution musicale ? Car au fond, mon intérêt pour Radiohead est, ne nous voilons pas la face, majoritairement motivé par la légitimation (ou non) de son statut de génie musical contemporain (et aussi parce que je suis curieux de tout en musique). Alors oui, d'un côté le groupe a le mérite de remettre au goût du jour les expérimentations et effets qui ont été oubliés depuis la vague rock prog des 70s. Oui, il y a la "création", ou plutôt la confirmation, de ce mouvement mi-post-rock mi-trip-hop qui envahit le monde musical à l'entrée du nouveau millénaire. Mais au fond, il n'y a pas de génie là-dedans. Radiohead ennuie, il languit, masturbe intellectuellement, conforte ses auditeurs dans la pensée d'une musique soit-disant intelligente. Ca, Muse l'a parfaitement compris et devra remercier Radiohead pour sa montée à travers la reconnaissance d'une musique aux références classiques par exemple. Or, encore une fois, gardez-le à l'esprit, une musique basée sur des références, une musique qui reprend des classiques ou leur caractère, n'est pas une musique géniale, c'est un clone de musique géniale. Un clone pour ne pas dire une copie. Il manque, dans l'oeuvre de Radiohead que j'ai écouté jusqu'à présent, ce dépassement des inspirations pour aboutir à quelque chose de vraiment nouveau. Il y a seulement la tentative, déjà louable.

L'ambient existe depuis des lustres, le rock prog aussi, le psyché aussi. Le mélange a d'ailleurs déjà été fait. Le trip-hop et le post-rock n'ont pas été inventés par Radiohead et reprennent déjà des atmosphères éculées. Aborder ces sous-genres dans une optique novatrice n'a pas été convaincant pour cette fois. Où est la révolution ?