Je regardais tous ces cons en prenant bien garde que ne transpire pas trop Mon agacement profond... Au nom de Moi, c'était une vraie journée de merde.
J'essayais de dessiner tant bien que mal un sourire sur Mon visage - léger, faut pas non plus abuser- et vu leurs gueules, ils avaient compris le message : J'aimais pas trop l'idée.


« Mais Patron, soyez pas con, 'y a pas plus belle histoire, c'est presque un cadeau !»


Le postillon qui osait m'apostropher de la sorte, poussé par cette témérité inexplicable que revêtent seulement les fous pour pas prendre froid lorsqu'ils vont acheter leur baguette alors qu'on peut très bien vivre sans saucer, était un individu de sexe féminin.
Pour te dire le courage de cette bande de cloportes... M'envoyer une fendue !
J'ai rien contre les bonnes femmes, bien entendu, J'en suis l'inventeur. Je suis même plutôt client mais là, faudrait voir à pas pousser le suppositoire avec trop d'insistance! Quand tu vois que ça passe pas, tu optes pour une autre tactique, tu biaises, tu cherches, si J'ose dire, un autre chemin.


Non, la personne s'était laissé poussé la confiance et avait décidé de prendre les armes et de s'attaquer à Moi, de front, en oubliant sans doute, qui J'étais. C'est idiot, Je peux être méchant, des fois.
Je devrais être au-dessus de ça pourtant, pardonner, la Miséricorde, toutes ces conneries. Vu Mon rang, J'en ai vu d'autres. Mais non, ça Me fout les abeilles. C'est automatique.
Mais soit, vas-y, continue à baver, radasse, tu perds rien pour attendre, me dis-Je.


« Je comprends que Vous puissiez en avoir marre, ça n'arrête pas. Mais c'est vendeur ! Et puis accrochez-Vous, Seigneur, on a réussi à avoir Obispo !! »


« Qui ? »


« Pascal Obispo, Vous savez ? Le Chinois chauve de Bergerac »


« Oui, Je vois... Ça pose problème. D'office! Et puis ça veut dire quoi, ça, le Chinois chauve de Bergerac ? C'est une façon correcte de parler des gens, ça ? D'ailleurs, ça n'a jamais existé, un Chinois chauve de Bergerac et ça n'existera jamais »


« Bah, je sais pas, c'était pour que Vous... »


« Chut, tais-toi ! Et si Moi, Je te traitais de canasson à cause de tes chicots chevalins, ça te ferait plaisir ? Soit un Ange tout le temps, s'il te plaît, sinon ça va barder ! J'en peux plus. Il est où, Gabriel ? »


« Il est pas là, Seigneur »


« Comment ça, il est pas là ? »


« Il avait des RTT »


« Ok. Bon. Là, tu Me les brises menu, cheval ! T'es dégradée, va donc en enfer voir si Satan l'habite. Bim ! »


Ça M'énerve tellement quand Je suis comme ça. J'ai pourtant pris ma boîte de Lexomil quotidienne. Me mettre en colère pour des peccadilles, c'est pas digne de Moi, mais qu'est-ce tu veux, Je suis allergique aux cons. Et Je dois avouer que Je déteste les chevaux.


Quand Je pense qu'au lieu d'écouter ces jérémiades, Je devrais être posé, à l'aise, en slip, avec un Russe Blanc pour humecter Mes lèvres divines, une musique languissante pour taper le rythme sur Ma panse rebondie. Pépère. À contempler rien d'autre que rien, comme J'aime.
Mais au lieu de ça, faut que Je donne Mon avis sur "Jésus, Le Pestacle".
Alors que J'ai quinze mille films à voir. La putain de leur race maudite de fils de cons. J'ai envie de dormir, d'apprendre à danser le mash-patatoes, de M'acheter une nouvelle PS4. Mais non, faut toujours que Je m'y colle. Devoir discuter avec ces petits est Ma malédiction. Jésus avait sa croix, Moi Je les ai, eux.


« Patron... »


« Tiens, t'es nouveau toi ou quoi ? T'es beau gosse, déjà, ça gâche rien et comment que tu t'appelles ? »


« Ange Djee, pour Te servir, Ma Toute-Puissance »


« Hummm...Tu te foutrais pas un tantinet de Ma gueule ? »


« T'es fou ? Jamais de la vie éternelle, je Te respecte tellement qu'on m'a toujours pris pour un illuminé, j'essaie juste d'être poli »


« Tu M'étonnes. Dis donc, approche. Laisse Moi te regarder. Mais...mais...il te manquerait pas un bout de bistouquette ? »


« Si »


« Il s'est passé quoi ? Me dis pas que t'es juif ! »


« Non ! »


« Purée de Moi, je m'en contre-branle, d't'façons, y a moyen d'avancer un peu ? Tu me fais presque plus chier que le cheval mais, eu égard à ton handicap, tu as encore le droit à une phrase. »


« On a un clip ! »


« Bah voilà Angie, là, Tu suscites Mon intérêt. C'est bien, envoie le bousin »


https://www.jesus-lespectacle.com/


« Euh »


« Oui, Seigneur, ça tabasse, n'est-il pas ? »


« Euh, c'est tourné où, ce truc ? »


« Aux Puces de Montreuil et un peu à la Mer de Sable! »


« Avec des gens du cru, J'imagine »


« Voui »


« C'est qui, le gros ? »


« Pierre »


« Déjà, lui, J'aime pas. Ça se fera sans lui si ça doit se faire. Concierge d'accord, mais pécheur, il manque de crédibilité »


« Mais... »


« Y'a pas de mais ! Bon, J'aime pas trop le gitan non plus, mais il faut des minorités quand même. Pensez juste à planquer tout ce qui se rapproche de près ou de loin d'un gallinacé. Vu ? Et le troisième larron, qui est-ce ? »


« Judas, Mon Seigneur »


« Ahhh voilà. Là, c'est du lourd. J'aime bien Judas. »


« Mais Vous êtes fou ou quoi ? Vous avez oublié ou quoi ? Il a balancé Votre fils, il lui a fait un bisou et tout... »


« De quoi ? C'est la mode maintenant? Tout le monde me traite? Je vais vous balancer un déluge de chez déluge, ça va laver vos sales bouches, non mais oh. Et oser supputer que mon fiston était de la fanfare ? Je t'aime bien avec ton zizi rigolo mais faudrait peut-être se calmer»


« Non mais, Judas quoi, faut pas abuser. Ça peut pas être Votre préféré, ça se peut pas... »


« Des trois, là, c'est Mon préféré. Cherche pas, c'est comme ça. Si y avait eu Marie-Madeleine... je dis pas, mais là, c'est Judas »


« ... »


« Autre chose ? »


« Euh...oui. Vous validez ? »


« De quoi ? »


« Le projet, pardi »


« Bah écoute, Angie, franchement au début j'étais pas chaud. Je comprenais pas bien ce que venait foutre là ce cheval déguisé en bonne femme. Et Pierre aussi, il m'a bien chauffé, mais Judas et pis ton histoire de prépuce disparu, si c'est bien développé ça peut être un miracle, genre une belle chanson sur l'abandon d'un bout de soi doublé d'un flash-back propre, un truc sobre sur où s'en vont mourir les bouts de zizi orphelins, ça me fait presque changer d'avis. C'est prometteur en vrai, tu me montres où Je dois signer et comme Je te fais confiance, Je signe illico. »


« Euh...très bien, on Vous tient au jus, Éternel »


« On fait comme ça. Faut que Je filoche... Avec vos salamalecs, vous M'avez mis en retard pour Mon concours de touche-pipi avec Bouddha. »


« De quoi ? »


« T'inquiète, ça fait un bail qu'il voit plus son gourdin. J'ai encore de la marge... ».


Merci à toi, d'Arvor, toi-même tu sais.

DjeeVanCleef
2
Écrit par

Créée

le 15 mars 2017

Critique lue 580 fois

31 j'aime

20 commentaires

DjeeVanCleef

Écrit par

Critique lue 580 fois

31
20

Du même critique

Retour vers le futur
DjeeVanCleef
10

Là où on va, on n'a pas besoin de route !

J'adore "Retour vers le futur" et j'adore le couscous. C'est pas faute d'en avoir mangé, mais j'adore, ça me ramène à une autre époque, une époque où j'avais empruntée la VHS à Stéphane Renouf -...

le 22 mai 2013

204 j'aime

32

Les Fils de l'homme
DjeeVanCleef
10

L'évangile selon Thélonius.

2027, un monde où les enfants ne naissent plus, comme une malédiction du Tout-Puissant, un courroux divin. Un monde qui s'écroule sous les coups des intégrismes de tous poils, où seule, la Grande...

le 26 juil. 2013

194 j'aime

36

Rambo
DjeeVanCleef
9

La chasse.

Welcome to Hope. Ses lacs, ses montagnes et Will Teasle son Shérif. Plutôt facile de faire régner l'ordre par ici, serrer des pognes et éviter les embrouilles. Par exemple, escorter cet intrus, ce...

le 13 mai 2013

181 j'aime

46