Sang mythique, millénaire, de la terre. Breuvage divin directement offert par les Dieux Grecs aux pauvres humains perdus dans un monde trop grand pour eux.
Nectar magique. Fondateur de civilisations, faiseur de guerres et de philosophes, fabriquant officiel des plus belles rencontres, des amours les plus torrides, comme des disputes les plus homériques, les haines les plus tenaces.


Le Vin.


Acolyte alcoolique des Dieux de l'Olympe.
Ces grands bonhommes en slip et barbes blanches qui faisaient pleuvoir la foudre sur la tronche des pauvres mortels se rinçaient allègrement la dalle sur le cul de Dionysos en lorgnant d'un oeil torve le petit cul rebondi d'Aphrodite et la poitrine "King Size" de la fertile Perséphone, tandis que de l'autre côté de la mer Ionienne Bacchus et sa couronne de pampre de vigne servait de grandes rasades de petit bleu qui tâche dans les chopines cabossées de ces vieilles ordures de Mars et de Neptune.
Même le doux et frêle Jésus, la veille de son supplice, n'hésitait pas à réunir ses potes pour partager sa dernière boutanche de " Domaine Mont Sinaï " cuvée - 12 ans avant lui-même, histoire de relativiser ce qui l'attendait le lendemain aux aurores et de se foutre un peu de la gueule de Judas Iscariote qui, selon les évangiles, ne tenait pas la vodka.


Le vin.


Le sang du Christ et le cubi à René.
Un "Château Petrus" et une quille de "Villageoise".
Un domaine dans le Bordelais et la cave coopérative du trou du cul du monde.
Du velours et du carton.
Un baiser sur la bouche et une tarte dans la gueule.
Boisson des peuples et nectar des élites.
Démocratie en bouteille qui égalise les différences et nivelle les aspérités; boutanche magique qui rend les moches aussi beaux que des Dieux Grecs, les bas du front aussi drôles et spirituels qu'un Monty Python et les filles les plus sérieuses de véritables "bihatch" de clip de Rap.


Le vin.


En parlant de Rap justement, il y en a un qui porte au divin breuvage un véritable culte (et ce depuis des années), il s'agit du bien potelé et très imbibé: Gérard Baste.
L'ami Gégé n'est pas né de la dernière récolte. C'est en 1997 qu'il fonde avec son pote Nikus Pokus ( bientôt rejoint par Xanax) le très "houblonné" groupe: Svinkels.
En 1999, ils participent à la compilation Police avec le titre Alcootest et commencent à faire parler d'eux.
L'aventure Svinkels démarre en trombe et coïncide avec cette courte mais intense vague du Rap Français Alternatif.
TTC, Le Klub des Loosers, Stupeflip, Odezenne ou La Caution déboulent "en loucedé" dans le monde du Rap et chamboulent les habitudes d'un Rap devenu trop conservateur. Ce Rap de "Babtous", ce nouveau Rap ouvert aux expérimentations, aux nouvelles sonorités ( Rock, Punk, Electro...), aux textes originaux, plus modernes, en liberté, loin de l' "ego trip" un peu imbécile des Rappeurs estampillés Skyrock.
Après 5 albums avec le Svink, des expériences télévisuelles ( Le magnifique "Level One" sur Game One ou le Morning' sur D17), des collaborations avec Luce ou Mickael Youn et les tubes de son Fatal Bazooka ( Fous ta cagoule notamment), des "side-projects" intéressants avec le collectif Qhuit ou les deux albums avec le Klub des 7 ( en compagnie de Fuzati, James Delleck ou Cyanure...) et une Mix Tape sortie en 2015: Dans mon slip – Volume 1, Prince Gérard nous délivre enfin son véritable premier album solo, sobrement intitulé: Le Prince De La Vigne.


Financé par crowfunding via la plateforme Ulule, le leader du Svink balance son skeud alcoolisé en ce beau mois d'octobre, mois de vendange qui plus est.
Alors, quid de la récolte des premières vendanges du Domaine Baste ?
L'homme n'a pas changé. Les thèmes chers au plus célèbre des moustachus du Rap Français n'ont pas varié d'un iota: Cul et bitures.
Des Raps travaillés aux petits oignons par Maître Gérard qui reste encore parmi les plus gros "punchlineurs" du game.
Des punchlines vieillies en fût de chêne, madérisées, pleines de tanin et de cyprine.
La prod' est lourde, un peu pataude, l'absence de DJ Pone se fait cruellement sentir. Le DJ de Birdy Nam Nam vient tout de même lâcher quelques scratchs bien sentis sur la très réussie et très "Old School": Amour et Encre.
Les grattes Métal, saturées, bouillantes viennent se mêler aux beats basse/batterie bien lourds.
En grand œnologue ès-Rap, Prince Gérard connaît ses assemblages et les réussit à merveilles. Tel le Chardonnay et le Viognier, Gégé mélange Métal et Rap et offre un goût et un parfum, qui sans être inédit, reste efficace.
C'est sur la longueur que le skeud de Gégé perd de sa pertinence et de son originalité. Le premier tiers est parfait, rythmé, gavé de punchlines et de jeux de mots aussi gras et léchés que ses moustaches dégueulasses. Le Prince de la Vigne, Laisse faire Prince ou Trop Gros lance l'album sur les meilleurs rails. Shoobeedoowap se moque gentiment des rappeurs actuels et clôt avec le bouillonnant Hellfest un premier tiers sans fautes.
Le ventre de l'album comme celui de l'ex-Svinkels reste quelque peu mou et pesant. Des délires musicaux porno "TTC Style" un brin vulgos (Profite !), du "Rap conscient" dispensable (On touche le fond).
Mais Prince Gégé reprend la main en fin d'album avec le très beau Amour et Encre, avec les turpitudes alcoolisées du nouveau papa qu'il est devenu: Papa o'rhum et la drôlissime Bourrir ( "J'vais mourir. Tellement je suis bourré, j'crois qu'j'vais bourrir.").


Le verdict des récoltes ?
Les vendanges tant attendues par les fans du rappeur moustachu s'avèrent bonnes et fructueuses. Quelques déchets bien légitimes sur un domaine assez important (16 titres quand même). La vinification s'opère sans problèmes et offre pour le premier véritable embouteillage du domaine Baste, un cru qui sans être exceptionnel offre un vin de table gouleyant à souhait.
Un pif à l'image de son vigneron: brut, tannique et fort en degré d'alcool. Un vin charpenté, bourru, avec un nez capiteux.
Une bouteille de villageoise en plastoc remplie d'un honnête vin de pays. Une bonne surprise.


Le cru "Prince Gérard 2016" du Domaine Baste ?


Validé.

Ze_Big_Nowhere
7
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le 7 nov. 2016

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Ze Big Nowhere

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