" Vous avez lu l'histoirrre de zéchi Jèm ? ...." ou la starification bien méritée de l'ami Cazoul

Ce n'est pas sans une petite pointe de fierté que je vois le phénomène Cazoul se développer sur notre beau Sens Critique.

En effet, voilà déjà plus d'un an que par une belle soirée d'Octobre, un de ces soirs encore doux dans mon cher pays Occitan, un de ces soirs où mon foie cuvait pépère un vieux Faugères Rosé à la douce brise d'une Tramontane rafraîchissante, je fus saisi par le rire, l'admiration et l'effroi.
Ces trois sentiments pourtant si distincts, si différents se télescopèrent dans mon esprit (encore) légèrement embué par mon Rosé Languedocien. Je venais au détour d'un voyage titubant sur le net de rencontrer la voix si particulière d'un certain Cazoul.
Fasciné par cette première rencontre fortuite, je me jetais alors sur YouTube, bave aux lèvres, à la recherche d'une quelconque connerie qui égayerait mon apéritif, une recherche forcenée et méthodique tel le Lazein aux abois, recherchant désespérément sur You Porn la vidéo mythique d'une grand mère à moustaches qui pelait ses carottes sans les mains, je m'enquillais les unes après les autres les reprises fascinantes du petit bonhomme à l' " assent " si particulier.

Fasciné par les reprises habitées et Bontempiesque de ce paysan Béarnais de 64 ans, je me dépêchais d'en faire part au Kabyle le plus célèbre d'internet après Daniel Prévost, l'Ordure la plus connue de tout l'Ouest Parisien et accessoirement l'une des plumes les mieux taillées (le veinard !) de notre site vénéré: L'odieux VanCleef.
Celui-ci, homme de goût reconnu et mélomane averti, s'empressa de recenser les titres de l'ami Armand qu'il condensa dans cette liste historique (http://www.senscritique.com/liste/CAZOUL/315354) et qui permit aux Sens Critiqueurs de tous bords de faire la connaissance de ce merveilleux interprète à casquette.

Mais c'est quand les gamins d'SC, minots rigolards et irrespectueux, se sont emparés du phénomène, que l'effet Cazoul se mit à prendre de l'ampleur.
The Bad Breaker jeune puceau priapique à l'haleine douteuse se prit d'amour pour le veil Armand Cazeneuve et se mit en tête de starifié ce noble paysan méridional.
C'est ensuite toute la clique des jeunots, ces gamins énervés pleins de sève, de slips sales et d'ampoules aux mains, qui se mirent a populariser l'homme aux baskets trop grandes.
Tous ces Richard Grayson, Pheroe, Orpheus Black et autres Yyrkoon; tous ces mômes acnéiques aux érections incontrôlées, comme commerciaux survoltés de la carrière trop courte de Cazoul. Toute cette racaille à peine pubère lancée sur le chemin de la réhabilitation méritée de l'ami Armand, et dirigée en sous-main par le pire de ces gamins turbulents:Saint-John Poivrot d'Arvor.
Ce chef auto-proclamé de la jeunesse SensCritiquienne, nationaliste et intégriste Normand voulant imposer le port d'une briquette de jus de pomme dans les écoles de la République, noteur fou prenant son pied à mettre des 6 sur n'importe quel chef d'oeuvre et digne héritier de la calvitie légendaire de la maison d'Arvor, y est allé de sa liste érudite (http://www.senscritique.com/liste/Sondage_Sens_Critique_4_Les_meilleures_chansons_de_Cazoul_a/896483) et offrit sa popularité tyrannique à l'édification du mythe Cazoulien.

Alors quid de cet engouement ? De cette nouvelle coqueluche de la variété Française ?

Et bien l'engouement est amplement mérité mes amis. Ici, point de moqueries (ou alors à peine), point de second degré, juste le ressenti.
Cazoul c'est une voix. Une voix étonnante.
La voix d'une certaine France, cette France du Sud profond, ce "Deep South" made in Méditerranée. Cette voix venue d'un autre temps, d'un village oublié en pays Cathare.
Une voix écrasée de soleil, roulée comme ses "r" dans la poussière jaune des chemins de vignes, comme le souvenir d'une France d'avant, une France sauvée de la fadeur et de la laideur d'une langue Parisienne trop neutre.
C'est de la sorcellerie de bistrot de village, c'est le pastague ensorcelé, la coupelle de caouètes envoûtée.
Comment peut-il en être autrement ? Comment ne pas songer à la sorcellerie quand l'on entend Cazoul caresser de sa voix de magicien "Allumer le feu" du vieux Johnny ?
Pourquoi une seule envie, celle d'y revenir, se grave au fond de ton oreille ?
C'est de la magie !
La magie noire d'un Sud-Ouest encore sauvage, perdu entre le Béarn, Carcassonne et Sète. Oublié, planté au milieu de ces plages Languedociennes rouillées par le sel et le vent jusqu'aux vestiges Cathares fantômes trônant fièrement sur les montagnes hantées des Corbières.
C'est le grand Sud-Ouest qui s'exhale en vapeurs anisées de la bouche de Feu Armand Cazeneuve.

Car oui. Cazoul n'est plus.
Il s'en est allé le bougre, laissant à la postérité ce merveilleux album de reprises.
Un album où il nous jette au visage l'étendue de son talent d'interprète hors-norme. Passant avec la même constance et le même sérieux de Renaud à Johnny et d'Axel Bauer à Serge Gainsbourg.
Un album hommage, testamentaire, produit par le Sigeannais Renaud Papillon Paravell (Dont voici la critique éclairée de l'une de ses oeuvres, écrite par un autre grand fan d'Armand: le merveilleux Guyness http://www.senscritique.com/album/La_langue_de_la_bestiole/critique/48132805) où se mêle boîtes à rythmes bon marché et sonorités d'orgues Bontempi vintage.
Une rythmique simple et Karaokesque en retrait pour laisser libre champ à la voix tordue, cette voix d'ange aux ailes cassées, tombé le cul par terre sur un bout de terre brûlante entre montagne et mer: La voix du regretté Cazoul.

Cazoul est parti, nous laissant qu'un seul et unique album.
Parti au loin, dans ce paradis des gens biens.
Ce Paradis, qui j'en suis sûr restera à jamais trop étroit pour ses immenses baskets.

Adieu l'ami !
Et pour citer VanCleef:

Prends soin de toi l'ami, on arrive.

https://www.youtube.com/watch?v=4y6FbX3NTUM