Let There Be Rock
7.6
Let There Be Rock

Album de AC/DC (1977)

Précisons d'emblée que, contrairement à ce que suggère mon titre, AC/DC n'a pas attendu Let There Be Rock, son troisième album, pour "être". Il suffit de se pencher sur les tracklists des deux albums précédents pour constater qu'ils regorgeaient déjà de titres cultes, dont certains sont encore, presque 40 ans plus tard, des chansons piliers en concert (T.N.T, The Jack, Dirty Deeds Done Dirt Cheap voire Problem Child ou High Voltage). Plus que comme une révélation, LTBR doit se voir comme l'album ultime d'AC/DC. LTBR, c'est le verbe fait disque, c'est l'intervention divine majeure dans un monde du rock où les légendes commençaient à dangereusement s'étioler, c'est la démonstration définitive que le punk naissant n'a pas le monopole du riff agressif.

Ça commence pourtant tranquillement, avec un Go Down groovy à souhait, réminiscence des albums précédents et transition idéale pour les claques à venir. Suit Dog Eat Dog, qui aurait pu être la chanson titre de n'importe quel album d'AC/DC sorti depuis Back In Black. Sauf qu'il se trouve sur LTBR, on se contente donc de s'en rappeler comme un excellent titre. Surtout qu'il est suivi par l'hymne, l'orgasme presque trop précoce, la chanson éponyme, Let There Be Rock.

Cette chanson n'est pas qu'une chanson d'AC/DC, elle est AC/DC. Rompant avec les schémas traditionnels du groupe Intro/Couplet/Refrain/couplet/refrain/Solo, LTBR devient rapidement l'hymne par excellence, celui pendant lequel le groupe lâche sa pleine puissance en concert. Comme si les paroles, quasi incantatoires, ne suffisaient pas, la légende veut que l'ampli d'Angus Young ait commencé à fumer lors de l'enregistrement et que le groupe ait continué à jouer malgré tout. LTBR, c'est la suite logique du rock'n'roll. Ce titre remet en route une histoire alors délaissée par ses plus illustres contributeurs depuis quelques années. La question qui se pose après un tel chef d'oeuvre, c'est comment enchaîner.

Pas compliqué, avec une autre chanson mythique qui marquera l'histoire d'AC/DC : Bad Boy Boogie. Renouant avec une structure plus classique, BBB n'en reste pas moins un des riffs les plus accrocheurs jamais sortis par les frères Young. Et ce break, que dire de ce break, moment épique qui prendra toute sa dimension lorsqu'il servira de fond sonore au traditionnel strip-tease d'Angus en live, et qui se termine par une reprise le long d'une ligne de basse crescendo extraordinairement efficace, où le plaisir jusqu'à l'explosion finale, symbolisée ici par les assauts répétés de Phil Rudd sur sa caisse claire.

Cette fois, c'est trop. Probablement conscient que tant de puissance et de génie concentré pouvaient provoquer des attaques chez leurs auditeurs, le groupe décide de calmer le jeu avec les deux titres suivants. Calmer, bien sur, est un terme relatif lorsqu'on parle d'AC/DC puisque la track suivante est Problem Child. Un titre carré, efficace, comme AC/DC peut en écrire des dizaines. On regrette juste qu'ils aient repris un titre déjà présent sur l'album précédent pour la sortie internationale de LTBR, alors que la version australienne profite d'un Crasbody in Blue bien crado.

Deuxième temps de repos, Overdose est probablement le titre le moins connu de cet album, et certainement le moins "bon". Il fait partie de ces morceaux intéressants, qu'on a tendance à passer lors des premières écoutes et auxquels on finit par accrocher tant ils s'inscrivent dans le déroulement logique de la galette.

Profitant de cette accalmie, Hell Ain't A Bad Place to Be vient cueillir l'auditeur distrait et pose les bases de ce que sera AC/DC dans les années qui suivent, parfois avec trop de zèle : un mid-tempo réglé au poil, tout en groove et en solo bluesy, avec un refrain en forme d'hymne. Le genre de titre qui parait secondaire au milieu des T.N.T et autres Highway To Hell en concert, mais dont le succès et l'efficacité ne se dément jamais.

Et comme cet album passe beaucoup trop vite, on arrive déjà au dernier titre. Et quel titre. Whole Lotta Rosie. A ce moment de mon ode, j'avoue commencer à manquer de superlatifs pour qualifier ce que j'écoute. Et pourtant, il y en aurait des choses à dire sur WLR. Que ce soit son intro exceptionnelle, son rythme effrené ou encore son double solo d'une technicité et d'une rapidité terrifiante (au point qu'Angus le rate de plus en plus souvent en live), rien n'est à jeter dans cette chanson. Ce n'est pas un hasard si c'est une des plus régulières en live depuis 35 ans.

Ainsi, alors que les punks déferlaient sur l'Europe, que le Heavy Metal écrivait ses premières lettres de noblesse et que le rock s'engluait dangereusement, le salut est venu d'Australie. 5 mecs qui parlent de cul et de bière ont décidé de foutre un grand coup de pied dans ce bordel pour expliquer qu'il allait falloir compter avec eux pour les 35 années à venir. Si LTBR n'a pas l'aura d'un Highway To Hell ou la renommée commerciale d'un Back In Black, il n'en reste pas moins le plus AC/DCien des albums des AC/DC et certainement un des plus grands albums de rock de l'histoire.

JeanneHusse
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le 30 oct. 2013

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