Levez vos mains vers le ciel comme des antennes pour le paradis

Godspeed you black emperor! , collectif musical canadien basé à Montréal qui fait rêver. Le groupe tire son nom d’un documentaire japonais en noir et blanc nommé God Speed You! Black Emperor de Mitsuo Yanagimachi décrivant les exploits d’une bande de motards, les Black Emperors. Les classer dans un genre s’avèrerai être une tâche difficile, on peut dire que les genres dont ils se rapprochent le plus sont le post-rock , l’experimental, rock progressif, bien que ces catégories en elle-même sont déjà vagues. Godspeed c’est le plus connu, mais il y a une myriade de groupes qui gravitent autour des mêmes musiciens, ils passent de l’un à l’autre, notamment : Fly pan am , do make say think, a silver mt zion,HRSTA... Tous regroupé sous le label Constellation records et du maintenant disparu label Kranky, mine d’or pour l’amateur de rock expérimental. Mêlant classique, orchestre, electronic, guitare électrique, c’est le paradis du mélomane. Avec des titres qui ne descendent pas, en générale, en dessous de 15 minutes il est donc difficile d’aborder leurs albums mais à chaque écoute on a une perception différente des morceaux, il y a comme une magie dont ils ont le secret et qui vous ensorcelle sans que vous le sachiez. L’album au titre aussi long que les minutes de l’album , Lift your skinny fists like antennas to heaven, est séparé en deux disques , une première partie Storm et Static largement plus inspirée que la seconde , Sleep et Antennas to heaven. C’est leur second album après F #A∞ infinity , et un EP « Slow riot for new zero Canada » où on peut lire « Tohu va Vohu », littéralement de l’hébreux : « Le tout du néant » . Ouvertement anti-capitaliste,anarchiste, il n’hésite pas dans les rares interviews qu’ils passent à critiquer le système économique mis en place, ils posent des questions sur l’avenir de l’homme, continuera-t-il encore longtemps à ignorer les problèmes qui se pose à lui ?
Lift your skinny fist c’est le meilleur album du groupe, surtout dans sa première partie, même si tout les autres sont très bon celui ci a un truc en plus, une puissance, un impact que j’ai rarement ressenti. Comme dans les autres albums les morceaux sont entrecoupés d’émissions radio ou de personnes enregistrés dans la région, des gens banals mais qui voient leur paroles sublimées par la symphonie de Godspeed. Commence donc Storm , montée orchestrale de 23 minutes , séparée en deux parties elle-même, la première basée sur les guitares qui montent en intensité jusqu’au choc qui va les combinées à l’orchestre. Le morceau se termine par un message de supermarché de la région :
Welcome to Arco AM/PM Mini-market. We would like to advise our customers that any individual who offers to pump gas, wash windows, or solicit products is not employed by or affiliated with this facility. We discourage any contact with these individuals, and ask that you report any problems to uniformed personnel inside.
Thank you for shopping at Arco AM/PM, and have a pleasant day.
Ensuite un morceau terrible débarque, Static, et déchaîne les guitares électriques, la batterie, jusqu’une apothéose magistralement orchestrée, le morceau commence sur les paroles d’un prêcheur se terminant sur :
All infront of me can now ask me a question
you need to ask, from the right _ or the right _ out of Urim and Thurrim
I can give you unspoken words that's never been spoken, it's not in your bible
Yet, it does clarify what is spoken in the bible...

Le titre commence de manière assez inquiétante , avec une ambient grave et mélancolique sublimée par un violon. Le violon est présent dans pratiquement tout leurs morceaux, il y a deux violoniste dans le groupe et un violoncelliste. Il s’en suit une longue mais prenante montée en puissance des instruments jusqu’à leur explosion. Le morceau se termine comme il a commencé, de manière inquiétante, sur des bruits de Gong et de métaux qui s’entrechoquent. Ainsi se termine la première partie qui a elle seule et en deux titres dure 40 minutes.

La seconde partie s’ouvre avec Sleep. Le morceau débute et déjà un veillard parle à la radio :

It was Coney Island, they called Coney Island the playground of the world.
There was no place like it, in the whole world,
like Coney Island when I was a youngster.
No place in the world like it, and it was so fabulous.
Now it's shrunk down to almost nothing...you see.
And, uh, I still remember in my mind how things used to be, and...uh, you know, I feel very bad.
But people from all over the world came here...
from all over the world...it was the playground they called it the playground of the world...over here.
Anyways, you see, I...uh...you know...
I even got, when I was very small, I even got lost at Coney Island, but they found me...on the...on the beach.
And we used to sleep on the beach here, sleep overnight..they don't do that anymore.
Things changed...you see.

They don't sleep anymore on the beach.

A nouveau, une caractéristique du groupe, il y a une longue attente puis une montée en puissance orchestrale comme toujours maîtrisée de manière extraordinaire. Jusqu’à la fin il n’y a pas de pause et enfin on atteint le dernier morceau.
Antennas to heaven débutant sur un riff de guitare trippant, suivi d’un son planant derrière lequel on perçoit des voix d’enfant disparates et un xylophone aérien, « c’est coco coco le petit singe dans sa cage il me dit , mon ami…mon ami », vient alors le moment le plus mélancolique de l’album, du terrorisme lacrymale auxquels on ne peut pas résister. Alors qu’on est résigné et qu’il n’y a plus d’espoir des guitares électriques surgissent de nulle part et on se remet à sourire. A la fin, on entend comme des anges qui appellent à l’aide, leurs voix résonnent, ils souffrent mais on ne peut rien faire pour eux et c’est là qu’arrive au tout dernier moment les cornes muses qui nous rassurent et nous permettent de continuer le chemin sans se retourner. C’est finalement avec le sourire et les larmes aux yeux que l’on dépose notre casque et qu’on lève les yeux vers le ciel.
Shanks-le-roux
10
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le 18 oct. 2013

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Shanks-le-roux

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