L'une des forces de la carrière, et du talent, de Bruce Springsteen, ce sont bien évidemment ses prestations scéniques, souvent mémorables où il arrive à retranscrire toute l'énergie, et parfois l'émotion, de ses albums. En 1986, il est situé à un carrefour de son destin musical, Born in the U.S.A. vient de sortir et, malgré son immense succès, le Boss n'aimera pas la façon dont il sera interprété ainsi que la récupération faite sans son autorisation par les républicains.


Il décide alors de sortir ce triple (et quintuple dans sa version 33 tours ) album regroupant quarante chansons provenant de différents concerts entre 1975 et 1985 (une grande majorité a été prise durant les tournées de 1978, 1980 et 1984). On retrouve des titres provenant de ses sept premiers efforts studios, majoritairement Born in the U.S.A. puis Darkness on the Edge of Town, ainsi que quelques reprises (notamment Patti Smith avec Because de Night, qu'il avait écrite pour elle, mais aussi Woody Guthrie, Tom Waits, War...). Il joue ici avec son E. Street Band au complet, un groupe formidable durant cette période-là, où l'alchimie était parfaite tant dans les prestations collectives que solistes, et tant en studio que sur scène, bien évidemment.


Cette compilation est surtout un formidable témoignage de la bête de scène que le Boss était, et si c'est dommage de ne pas avoir les concerts en entier, plutôt qu'un regroupement, ça n'en reste pas moins immense. Il sublime tout ce qu'il touche, que ce soit les reprises, ses sommets et même certaines chansons qui ne m'ont guère fait d'effets en studio (enfin, surtout celles de l'album Born in the U.S.A.). Les moments d'anthologies se succèdent, on peut noter une version longue et bouleversante de The River, avec une introduction où il évoque son père, qui voulait d'abord l'envoyer faire l'armée avant d'être content d'apprendre que son examen médical d'entrée fut un échec, Candy's Room et ses puissants et rapides coups de batteries, un magistral Darkness on the Edge of Town, Born to Run et son inimitable "One, two three", l'entrainant It's Hard to be a Saint in the City, Rosalia (Come out Tonight), Racing in the Streets ou encore Nebraska, enfin, une majorité des chansons présentes, pas non plus besoin de toutes les énumérer, mais c'est tellement immense.


Les rares titres un peu plus anecdotiques ne sont guère préjudiciables (au risque de me répéter, ce sont surtout ceux tirés de Born in the U.S.A.) tant l'ensemble reste en tout point remarquable. Le Boss, tout comme son groupe, déborde d'énergie, et que c'est contagieux ! Il ne laisse jamais indifférent, oscille entre différentes ambiances et sait se montrer aussi dansant à certains moments que bouleversant, sombre, pertinent ou mélancolique à d'autres. Le E. Street Band l'accompagnait à merveille, chacun des musiciens se permettant quelques envolées tout en créant une parfaite osmose entre les divers instruments, allant de pair avec la voix rauque de Springsteen. Bref, c'est un vrai régal pour les oreilles, quasiment rien n'est à jeter pendant que le Boss sublime son répertoire avec énergie et émotion, nous emmenant dans un voyage entre le rock, le folk, les hymnes de stades, des ballades et sa vision de la vraie Amérique.


Que l'on soit inconditionnel ou non de Bruce Springsteen, ce coffret live semble bien évidemment indispensable. Il fait le point sur sa carrière, revient sur ses premières années et on constate son évolution musicale et sa capacité à alterner les genres et ambiances, le tout avec un E. Street Band remarquable et une immense énergie contagieuse. Le Boss quoi.

Docteur_Jivago
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le 8 déc. 2015

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Docteur_Jivago

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