Lonerism
7.3
Lonerism

Album de Tame Impala (2012)

Par cet opus, Tame Impala nous prouve une fois de plus que l'étiquette "psychédélique" ne colle pas uniquement à la peau des groupes aux longues compositions acidulées dans un plus pur style 70's.
En effet, empruntant plus à une dream pop plus actuelle qu'à un rock psychédélique à la Hawkwind, Lonerism n'a de cesse de multiplier les influences.
Et pour cause, avant d'être un trio orignaire du pays du kangourou, Tame Impala est avant tout le projet de son multi-instrumentiste Kevin Parker. Celui-ci assure la quasi-totalité des rôles du groupe, enregistrant la guitare, la basse, les claviers, la batterie et le chant. Le reste du groupe n'apparaît que rarement sur l'album, le limitant plutôt à un rôle de "live band".

Enregistré à Paris, Lonerism comporte de fait quelques petits clins d'oeils bleu-blanc-rouges. La pochette tout d'abord, cette photo du Jardin du Luxembourg prise par un Kevin Parker bien décidé à ne rien déléguer, mais également la deuxième piste de l'album, "Endors-toi" (en français, s'il vous plaît !), comme un "moyen d’échapper à une morne existence" selon son compositeur.
Bien loin de nous endormir, l'album nous réveille au contraire d'office par une entrée de batterie énergique
sur "Be Above It" sorte d'hymne à une dream pop qui se mélangerait à du shoegaze.
La suite de l'album est du même acabit, évoquant parfois l'image d'un petit enfant ("Endors-toi", "Apocalypse
Dreams") qui grandirait ("Mind Mischief", "Music To Walk Home By"), et connaîtrait ses premiers soucis de la vie, ses premières peines de coeur. Il entrerait alors dans l'adolescence en se sentant en décalage de son
monde, isolé ("Why Won't They Talk To Me ?"), il se ferait alors plus mélancolique, voire pessimiste ("Feels
Like We Only Go Backwards", "Keep On Lying").
"Elephant", le single de l'album, poursuit la logique de sentiments. Ici, Parker décrit le sensation de
jalousie que l'ado ressent face au caïd du lycée, souhaitant être comme lui, alors qu'en réalité cette brute
n'est qu'un infatigable abruti qui fond en larmes lorsqu'il se fait remettre à sa place.
Désarçonné par ce manque de repères, le jeune homme que l'auditeur incarne sombre peu à peu dans le fatalisme ("Nothing That Has Happened So Far Has Been Anything We Could Control"), il décrit la course au bonheur comme l'antithèse du bonheur lui-même, et de fataliste devient dépressif.
Enfin, "le soleil se lève, c'est fini" ("Sun's Coming Up"), l'homme qu'il est devenu souffre d'un cancer et
attends la mort, toujours esseulé ("Oh my darling, why won't you answer ? [...] Oh my father, why won't you
answer ?"), d'où le titre de l'album ("Lonerism" fait donc référence au concept de solitude).

Respectant les codes du concept-album, Lonerism pourrait s'apparenter à un The Wall 2.0, tous deux traitant du thème de l'isolement et de ses effets psychologiques. Néanmoins, les deux albums n'ont pas la même portée: alors que The Wall appartient à un ensemble d'oeuvres, Lonerism ne fait que mettre en avant le malaise ressenti par le fait de grandir, principale caractéristique de ce qu'est le shoegaze (qui pourrait d'ailleurs se définir par la sensation d'être mal à l'aise, donc de regarder ses chaussures, de faire profil bas).
Bien loin de saper le moral, Lonerism invite au contraire l'auditeur à remettre ses problèmes au lendemain, à
ne pas s'attarder sur les problèmes futiles du quotidien. En bon adolescent.
captain-cook
8
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Créée

le 14 nov. 2012

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captain-cook

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