Low
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Low

Album de David Bowie (1977)

On ne peut pas contester que cet album a une ambiance religieuse. On ne peut pas contester non plus que Low est un truc complètement halluciné et, bon ok allons plus loin avec les grands adjectifs; dépravé. Parce-qu’en anglais le terme “low” signifie aussi bien mauvais que dépression, je fais de cet album mon église!


Bon. Alors tout le monde le sait; Low premier album d’une “trilogie berlinoise” avec Brian Eno et Iggy Pop, précurseur de toutes les années à venir (mais jamais égalé), suicide commercial blabla. Ouais les deux derniers points sont assez cocasses (oups) car “Sound and vision” a tout d’un tube des années 80.


Cet album est comme un long repentir inversé; l’ouverture instrumentale, “Speed of Life”, nous plonge dans un truc pour l’instant assez clair puis vient “Breaking Glass”, là le brouillard commence à venir. Les arrangements atmosphériques de Low mènent à penser qu’on a là un album lumineux, en vérité c’est un méticuleux travail de désespoir enregistré. Je trouve “Always crashing in the same car” déchirant. L’écoute de ce disque orange est une confession, c’est un truc qui nous tient, comme quand on se met à croire fort à quelque chose n’importe quoi, puis qui ne nous lâche pas -ou alors, on en ressort éclaté et pas illuminé du tout. Avec “A new career in a new town” et la batterie lourde, la mélodie entêtante, on a une lueur d’espoirs, des espoir mélancoliques, qui se tranchent en désespoirs.


“Warszawa”, on le sait, est le chef d’oeuvre de l’oeuvre. C’est la plus belle prière que contient la religion qu’enferme ce disque. Une ambiance grandiose, qui soulève, qui pèse, qui fait monter quelque chose vers le haut, toujours avec ce soupçon d’apocalypse (un classique des écrits religieux non?). Et puis la voix de Bowie, dans cette langue qui ne concerne que lui, cette imploration, ce ton grave, c’est sûr après ça, il n’y a plus de doute; il est le dieu de Low.


Alors donc, si on considère la pensée de Nietzche, Dieu est mort (ouais je le cite pas pour faire la meuf, c’est juste que je sais que David l’adore alors on va essayer de faire le maximum de liens). Bowie serait mort de profil, dans un orage orange avec pour messes des sonorités de fin du monde et bien-sûr, le merveilleux saxo dans “Subterraneans” pour clôturer la cérémonie.


Adieu, il y a encore d’autres enterrements à gérer; comme après chaque écoute, j’ai l’impression de tomber dans le même trou toujours, en ne pouvant rien faire d’autre; on peut apparenter ce sentiment à un homme qui se crashe toujours dans la même voiture, comme le chante quelqu’un.

Stanislassant
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le 3 mai 2015

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