La version américaine de Magical Mystery Tour propose un réaménagement de l'EP ainsi que cinq singles sortis par le groupe dans les mois ayant précédés. Je m'occupe ici de donner mon avis sur la version album et non la version EP. Cependant, étant donné que l'album fait suite, d'une certaine manière, dans sa conception, à l'EP, lire ma première critique serait peut-être mieux.
http://www.senscritique.com/album/Magical_Mystery_Tour_EP/critique/83109160
Pour résumer globalement mon avis, cet EP était un semi-échec. On avait l'excellent I am the Walrus qui est simplement une excellente piste. On avait une très bonne introduction avec le titre éponyme et une fin Blue Jay Way qui montrait le talent, encore une fois, de Harrison. Au milieu McCarteney se loupait, avec un Fool on the Hill médiocre, un Flying en-dessous de ce qu'il aurait dû être et un Your Mother should know qui sert pratiquement de remplissage.
Comment le passage en album peut-il améliorer cet EP ? Dans le fond, il devrait surtout le dénaturer. En effet, ce que nous n'avons plus un EP augmenté mais bien une sorte de best-of de titre enregistré avant, pendant et après Sgt. Peppers. Et c'est ça qui rend le disque absolument génial. Nous n'avons plus un EP à part, mais un Sgt. Peppers volume 2.
En réalité, plus qu'un album, les Beatles nous permettent de saisir pleinement ce que fut la phase artistique de Sgt. Peppers dans son ensemble, c'est-à-dire que ce disque est à la fois un complémentaire à Sgt. Peppers mais permet surtout de passer au-delà du stade de l'album pour saisir le stade de la période. Comme Piccaso a eu sa période Bleu et sa période Rose, on peut voir des périodes chez les Beatles, après une phase de rock standard dans lesquels les Beatles touchent les sommets (de Please Please Me à Help), le groupe s'est tourné vers une nouvelle recherche musicale avec une transition (Rubber Soul et Revolver), recherche qui a aboutit au psychédélique de Sgt Peppers et Magical Mystery Tour.
Ce disque est grandiose dans le sens où il dépasse ce qu'il est : il est plus qu'un disque.
Bien sur, il n'efface pas les pistes que je n'aime pas. Mais il parvient à dynamiser un peu la structure. Même si The Fool on the Hill est toujours suivi de Flying et, en plus, démarre l'album, rendant le démarrage faussé, il laisse au moins I am the Walrus terminer la première face, amenant un véritable dynamisme à cette face permettant de ne pas rougir face à l'autre. (Notons également que Blue Jay Way en milieu de face donne à ce titre un nouvel intérêt)
Car cette seconde face contient évidemment tous les grands singles de cette période. Alors, est-ce besoin d'en parler ?
Aucun titre n'est loupé même si Strawberry Fields Forever est, pour moi, la version diminuée de la nostalgie que l'on a dans Penny Lane. Le titre est un peu en-dessous du reste de cette face qui parvient à séduire totalement. Simpliste au possible, Hello Goodbye marque cependant les esprits par son air très McCarteney (et des paroles qui restent cependant en-dessous de la fameuse simplification à la Lennon). Le titre a également un final absolument parfait.
Penny Lane est une belle dose de nostalgie avec une composition parfaite. Composition aussi parfaite que All you need is Love qui cloture l'album. Simple, élégant, efficace et en même temps fou et plein de vie par son final, là encore c'est parfait. Baby you're a rich Man lorgne vers le Beatles plus rock mais toujours réussie.
De par son son et son époque, Magical Mystery Tour en album est un véritable complémentaire à Sgt Peppers et met en avant la période la plus créative de la vie des Beatles. Somptueux à souhait, le disque n'a que que de défauts selon moi. Cependant on pourra regretter de ne pas avoir mélanger les titres de l'EP avec ceux des singles. Je trouve aussi que le placement de The Fool on the Hill est très mauvais est casse totalement le lancement du disque. De plus, je ne me suis pas mis à aimer ces anciens titres que déjà je n'aimais pas. Enfin le disque ne propose quand même aucune composition originale par rapport à l'EP.
Pour toutes ces raisons, je me limite à un 8 qui lorgne pourtant vers le 9.