Manipulator
7.4
Manipulator

Album de Ty Segall (2014)

On souhaite bien du plaisir à la concurrence.

Aujourd’hui, tout le monde le sait, Ty Segall n’est pas n’importe qui. De tous ceux qui ont largement contribué, mettons depuis 2008, à replacer Frisco sur la carte des grandes capitales de l’underground – on pense à John Dwyer, patron de Thee Oh Sees et du label Castle Face, à White Fence, aux Fresh & Onlys, etc. – le natif de Laguna Beach est sans doute le plus charismatique. Le plus frustrant, aussi... Doué comme pas deux et à l’aise à peu près partout du garage-punk au folk en passant par le space-rock tendance heavy, Segall n’a pourtant jamais brillé que par intermittence. La faute à un stakhanovisme exagéré – c’est semble-t-il la norme chez ces gens – qui, fatalement, diluait l’impact d'une enfilade de disques conçus avec goût mais trop rarement avec soin. Ça tombe bien, cette fois, le garçon a ralenti la cadence et pris le temps de bien faire les choses. Résultat : Manipulator, généreux double album de dix-sept titres, est tout simplement ce qu'il a fait de mieux.


Fomenté avec Chris Woodhouse derrière la console, ce disque ouvragé fait son miel de chacune des précédentes embardées du blondinet et sonne, en fait, comme l’aboutissement logique de ces six dernières années essentiellement consacrées à étouffer un sens aigu de l'écriture pop sous un déluge de fuzz. Ty Segall, déjà, n'a jamais aligné une collection de chansons aussi solide. Mieux, tout cela est idéalement produit. On y retrouve ces mêmes guitares sales et fiévreuses bien sûr, mais également beaucoup de nuances tout à fait inédites, comme ces somptueux arrangements de cordes signés Mikal Cronin ("The Singer", "The Clock", "Stick Around"). L’album, du coup assez dense, fonctionne à plein – voir pour s’en convaincre les claviers vintage et infectieux de la chanson titre, le riff implacable de "Tall Man, Skinny Lady", le solo dément de "Feel" ou encore la classe évidente de "The Faker" – et montre que Ty Segall, chez qui on décèle ici l'influence prégnante de la sainte trinité formée par Bolan, Bowie et Lennon (pour la voix), est un jeune homme bien référencé, c'est une chose, mais aussi et surtout, un artiste absolument brillant. Là-dessus, on souhaite bien du plaisir à la concurrence.

ElstonGunn
8
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Créée

le 2 avr. 2015

Critique lue 500 fois

8 j'aime

ElstonGunn

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8

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ElstonGunn
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