[...] Si la version vinyle isole les deux parties par le biais de deux galettes, la version CD réunit tout sur un seul disque et entremêle même les titres entre eux. Un second placement plus judicieux pour l'écoute dans le sens où Mechanical Animals s'avère plus varié et hétérogène dans son déroulement qui s'étale tout de même sur un peu plus d'une heure. De plus, la compréhension pour celui voulant se plonger dans le concept ne se retrouve nullement remise en cause, les titres liés à l'une ou l'autre des deux parties se distinguant très facilement de par une approche différente musicalement parlant.


Délaissant complètement le metal indus' déployé dans Antichrist Superstar, Mechanical Animals emprunte une voie résolument rock aux relents futuristes, presque sophistiqués. Carrément glam dans la partie Oméga où sont réunis les titres les plus dynamiques de l'opus. Après tout, l'extraterrestre est une rockstar et une rockstar n'est rien sans ses hits efficaces et radio-friendly. Et en cela, des « Rock Is Dead » ou encore des « The Dope Show » remplissent très bien leur contrat tant elles rentrent direct dans les boîtes crâniennes en une écoute et donnent instantanément envie de bouger son boule et chanter les refrains à tue-tête. Tant en concert ou en club que sous la douche en se servant du pommeau comme micro de fortune. Mention spéciale à « I Don't Like The Drugs (But The Drugs Like Me) », fun, d'apparence léger mais poignant d'intensité de par l'incursion de chœurs gospel. Ces derniers que l'on retrouve d'ailleurs employés de manière plus éthérée chez son alter ego Alpha avec « The Speed Of Pain ». Un Alpha par ailleurs plus mollasson, donnant plus d'importances aux atmosphères/mélodies sombres et mélancoliques, voire dramatiques (« Coma White »), et au chant plus posé de la part du maître de cérémonie. On y ressentirait presque comme une sorte de voyage introspectif de cet être paumé qui déambule dans un monde où il ne se sent pas à sa place. Tellement étranger et shooté qu'il en déforme complètement la réalité, extrapolant les détails qui le dérangent et dégoûtent au sein de ses congénères pour en arriver à une perception visuelle assez psychotique (« Mechanical Animals », « Dissociative »).


On peut considérer Mechanical Animals comme un parfait antagoniste d'Antichrist Superstar. Passant d'un metal indus' noir et cradingue à un rock synthétique et futuriste aux accents presque cybernétiques plutôt lumineux, la fournée de 1998 avait de quoi faire jaser plus d'un fan qui s'attendait et attendait la suite logique de son grand frère. Et pourtant, aussi surprenant que peut être ce retournement de situation, celui-ci s'avère intelligent car rondement mené et judicieux au vu du contexte où le groupe devait complètement s'émanciper de l'ombre de Trent Reznor. En cela, Marilyn Manson impressionne et prouve qu'il possède un certain génie tant le concept interpelle de par deux degrés de lecture (l'un purement narratif et fictif, l'autre bien plus vindicatif et dénonciateur) en utilisant une imagerie moins provocatrice mais tout aussi fascinante. Et avec un album doté d'une aura monstrueuse, qui sait captiver son auditoire qui ne s'ennuie pas durant cette heure de musique. Dommage qu'il ait fallu attendre dix-sept ans pour que Brian Warner nous prouve qu'il ne s'agissait pas juste d'un coup de chance.


La critique entière figure sur Core And Co, n'hésitez pas à aller y faire un tour !

Margoth
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le 23 juil. 2017

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Margoth

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