Je n'aime pas Kanye West, et le hip-hop n'est pas mon genre de prédilection. Cependant, mon oreille a été happée par l'écoute de Runaway, morceau marathon de 9 minutes. Le morceau est bien produit, beau et touchant, et si sa longueur se justifie, celle de l’album, elle (plus de 1h), est beaucoup plus critiquable.
L'album commence pourtant bien, par un Dark Fantasy assez court (par rapport au reste du disque), un bon sample et un bon flow qui se laisse écouter avec plaisir. On enchaîne avec Gorgeous, pour une même recette efficace, mais une durée rallongée d'une minute. On reste cependant dans l'acceptable, surtout en début d'album, et on se dit que ça devrait aller.
On est rapidement douché par POWER, morceau grandiloquent qui a la mauvaise idée de cochonner King Crimson avec un sample sursaturé. Inintéressant et désagréable à l'écoute dans un premier temps, le morceau devient plus mélodieux dans sa deuxième partie, mais on soupire malgré tout de soulagement en arrivant à All Of The Lights (Interlude). Instrumental reposant quoique sans intérêt, et préparant surtout à l'immondice de l'album, c'est à dire All Of The Lights. Aussi grandiloquent que POWER, aussi désagréable à écouter et malheureusement pendant une période beaucoup plus longue.
Monster est le morceau rude de l'album et se laisse bien apprécier, avec un son bien lourd, mais déjà des signes de fatigues se font sentir, et les 6 minutes et quelques du morceau se font longues vers la fin. Le morceau suivant So Appalled se situe dans la continuité, avec une atmosphère pesante et une fin de morceau qui se fait attendre.
Devil In A New Dress reprend les choses où on les avait laissées avec Gorgeous : un sample efficace pour un morceau plaisant, mais dans un rythme bien plus posé, la voix féminine aérienne se situant en contrepoint du rap lourd des voix masculines. Et, dans ce qui devient une sorte d'habitude au sein de l'album, son successeur se situe dans la parfaite continuité mais pousse le concept encore plus loin, et se révèle le meilleur morceau de l'album. Oui, il s'agit bien de Runaway, un véritable miracle qui justifie à lui seul l'existence de l'album.
Le manque d'inspiration de Hell Of A Life qui suit fait redescendre l'extase, mais laisse heureusement rapidement (enfin selon les critères de cet album) sa place à Blame Game, ultime pépite du disque, avec un piano flottant et une fin ma foi plutôt osée et amusante. Pour (presque) conclure l'album, on a droit à un Lost In The World entraînant et très pop. Enfin, c'est avec une petite minute et demie de Who Will Survive In America que Kanye West nous laisse, après quelques applaudissements timides.
Parfois surproduit, souvent trop long, sûrement surestimé, My Beautiful Dark Twisted Fantasy est un album qui oscille entre l'excellent et le médiocre, pour un résultat cependant sympathique (en tout cas plus que son auteur).