N°4
7.7
N°4

Album de Serge Gainsbourg (1962)

-"Les goémons": oh, le bruit des vagues, le cri des mouettes et la voix de Gainsbourg très triste, la musique suit tout aussi mélancolique. Le ton verse dans le mélodrame. A se demander si jusqu'à maintenant ce n'est pas la chanson la plus neurasthénique du bonhomme.

-"Black trombone": gros jazz, très entêtant, j'adore. L'album reprend vie doucement. Sonorités succulentes. J'aime beaucoup.

-"Baudelaire": merde, c'est quoi cet instrument? Un truc très lancinant mais qui s'ajuste comme par miracle au style jazzy. Caribéen? Antillais? Sud Américain? Cubain? Sais pas. En tout cas le mariage avec ce sublime poème baudelairien offre un instant magnifique, d'une très sucrée sensualité. Magnifique, ai-je écrit? Oui, magnifique je répète.

-"Intoxicated man": encore jazzy. Bon rythme. Style polar, film noir, flingues, petites pépés. J'aime beaucoup. Correspond bien à l'époque. C'est doux, parfois ça s'énerve. Tellement dans le style de Gainsbourg, j'aime ce type voyez-vous.

-"Quand tu t'y mets": le texte est à nouveau très drôle. L'astuce et l'intelligence de Gainsbourg est miraculeuse. Ce type était fort, merde! Capable de tirer d'une idée le fil de toute une histoire, une suite de logiques et de sens bien pesés. On a la sensation qu'il sait admirablement tirer le maximum de profit d'une simple idée.

-"Les cigarillos": jazz lointain, exotique, salsa? J'y connais rien, désolé. En tout cas, ça reste en tête, facile. Une musique qui va bien avec le corps, avec les hanches. Pétante de santé. Très enjoué, ce morceau fait la part belle aux jeux de mots.

-"Requiem pour un twister": l'instrument utilisé me fait penser aux "Tontons flingueurs" que j'ai revu récemment. N'évoque-t-il pas un personnage qu'il va devenir? Un alcoolo, tombeur de femmes? Ne serait-ce pas là une prophétie, un projet de vie, une annonce de Gainsbarre? Morceau entrainant. J'aime.

-"Ce grand méchant vous": J'adore. Musique guillerette, exotique, ludique. Brésilienne, carnaval de Rio, jeu de mots avec la comptine du grand méchant loup. Tour de force, oui, Gainsbourg est fort. Déjà de très osés jeux de mots pour l'époque. Sensualité. J'adore ce morceau sans doute mon préféré de l'album.

-"L'appareil à sous": plus yéyé. Texte tournant autour de la sonorité "sou". Quoiqu'il en soit, ça fonctionne. Cool.

-"Vilaines filles, mauvais garçons": summum du yéyé. En y réfléchissant deux secondes, dis, hé, je me demande quelle est la part de foutage de gueule. On croirait une mélodie, une instrumentalisation et un texte typiquement yéyé. Est-ce au premier degré ou un pastiche des œuvres yéyé / concon? Sais pas.

-"Un violon, un jambon": quel drôle de titre tout de même! Et nous revoilà avec ce rock très folk, western, country, je ne sais pas au juste. Vraiment très étrange, cette chanson... le texte surtout. Je ne comprends pas ce morceau.

-"La Javanaise": ma chanson préférée de Serge Gainsbourg, tous albums confondus. Une des plus belles chansons de langue française jamais écrites, ever, tout court. Une caresse qui n'en finit pas avec le temps de me faire frissonner. Je n'adore pas, j'adule. Dans mon top 3 général. Conclusion paradisiaque d'un très bel album, sans doute mon préféré des premiers Gainsbourg.
Alligator
10
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le 3 janv. 2013

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