Ulver revient avec cet album, après l'atmosphérique Bergtatt, et la parenthèse acoustique Kveldssanger, avec ce Nattens Madrigal, concept album, parlant de la chute d'un homme dans la lycanthropie et l'éveil de son côté bestial.
La production de cet album est très rugueuse, difficilement supportable à la première écoute, les guitares sont très aigües, à la fois abrasives et tranchantes, et la batterie, quand à elle, tout en blast-beats psychotiques, agressent l'auditeur comme rarement.

L'album, comme je le disais ci-dessus est difficile, est il faut en général, plusieurs écoutes fragmentées avant de l'apprécier de bout en bout ( que celui qui l'a écouté d'une traite la première fois me jette la première pierre ). Pourtant, je lui accorde la note de 9, car au sein de ce maelstrom de violence sonore, une constante reste, indéboulonnable, à savoir la capacité évocatrice d'Ulver, capable d'amener des ambiances fines, fragiles de la manière la plus brute et brutale qui soit, et d'évoquer la violence sans donner dans une surenchère qui priverait la musique de tout son impact.

Une fois dompté, l'album s'apprécie de bout en bout, les guitares acoustiques de l'Hymn I se font refuge avant le déferlement à venir, l'ambiance mystique et terrifiante de l'Hymn II, la violence mélodique et inhumaine de l'Hymn III, le coté mystique de l'Hymn IV, plus brut dans sa seconde moitié, sans perdre son côté naturaliste.
Naturaliste, qui peut également qualifier Of Wolf and the Moon, aux riffs obsédants, et la symbolique du lycanthrope y est magnifiée, une fois encore. Les percussions de fin de celle-ci laissent place au sixième morceau, qui semble plus apaisé, et les guitares livrent des mélodies évoquant parfois ( souvent ) les harmonies vocales de Kveldssanger, à la fois épiques et tout en retenue, sans forcer le trait de ces élans "romantiques" dont Ulver a le secret, et qu'on retrouvera dans Hymn VII, sans pour autant s'en lasser.
La conclusion, Of Wolf and the Night, est dans la droite ligne des deux précédentes, mais également un peu plus sombre, avec ses guitares maltraitées à l'aide du vibrato, ses quelques notes de piano, sorties de nulle part, intrigantes et merveilleuses, encore plus lorsque la basse vient lui répondre, juste avant la fin de l'album.

Ulver signe un tableau quasi impressionniste de son histoire, sous le signe de la dualité des personnages qui forment les noms des hymnes successifs, chacun étant vus au travers du prime de l'homme loup, personnage principal, brutal et bestial, comme les instruments, peignant ses rencontres à l'aide de ses propres outils, faits à son image.

Cet album est très probablement un de mes favoris de la vague de black metal norvégien, puissant, épique, merveilleux, ne tombant jamais dans le cliché. Malgré sa production très difficile d'accès, il reste un must pour qui aura le courage de s'y plonger.

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le 19 oct. 2014

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