Comment je ne vais pas me faire des potos avec cette chronique. Rien que pour la note, je dois reconnaitre cette incapacité à juger précisément mon ressenti du fait que je ne l'ai pas écouté depuis presque 30 ans tant je boude ce disque et ce qu'il représente.
La décision fut rude et politique, 5 pour ne pas froisser? C'était vraiment trop pour moi tandis qu' un 1 décrédibiliserait ma démarche de la même manière que ceux qui mettent 10. Le 4 ? Surcotant encore mon intérêt pour l'ensemble et le 2 revêtant un caractère toujours trop extrême, le 3 m'a semblé honnête parce que j'ai déjà grattouillé le riff de Come as you are et que j'aime bien la pochette.
A l'origine, je m'en fous de ce disque, de ce groupe et je ne suis pas du genre à aller cracher sur ce avec quoi je ne suis pas compatible à la condition de ne pas subir des dithyrambes disproportionnées amplifiant à chaque fois mon aversion. Aversion, le mot est dit, le mot est fort et il me ramène aux mêmes pendants juvéniles que ceux des idolâtres du phénomène.
Car mon problème avec Nirvana, c'est ce culte du non culte. Sans nier le possible talent de Cobain, ma génération fut la première, ou deuxième, sans artiste, rock star hégémonique prophétisant sans contradiction sa musique à travers le monde. Il en fallait absolument une et ce fut Nirvana guidé par le martyre de son leader. Pour moi, tout a toujours sonné faux, de sa musique à son décès forcé qui tente de raccrocher les wagons de la légende des ancêtres qui n'ont pas eu le temps de connaître leur déchéance artistique.
Alors, je ne suis pas si différent des autres et j'aurais pu apprécier vivre une période menée tambour battant par une nouvelle musique, un nouveau rythme, des nouvelles émotions à partager avec les copains du collège ou du lycée et j'ai du me contenter de Guns N' Roses. Alors, on ne va pas rentrer dans les comparaisons artistiques. Je vois déjà venir les grunges me dire que Gn'R, c'étaient des rigolos en comparaison.
Et bien, justement, avec le recul, je suis certain d'avoir été plus attiré par le cirque produit que par l'ensemble de la fanfare. Surtout, j'en ai été conscient rapidement et je suis passé à autre chose. Ce qui est encore plus sûr, c'est que les Guns en étaient eux mêmes conscients et, à l'image des excentricités de Rose, ils ne se sont jamais pris au sérieux. Chose que ne m'a jamais inpiré, ni Nirvana, ni son public.
Encore une fois, j'admets l'incompatibilité de caractère et je n'insisterai pas à prouver l’éventuelle nullité du machin, je tiens juste a rappeler qu'il existe des milliers d'artistes hors normes dans plein de genres de musiques et que plébisciter sans cesse les mêmes rock star exerce la même violence inconsciente sur ceux ci que la publicité pour les voitures sur les piétons
Alors, aujourd'hui, que tout le monde s'accorde mielleusement, à l'occasion des trente ans du disque, pour dire "Oh le pauvre Kurt, il était malheureux et incompris, du coup maintenant on comprend que c'est un vrai artiste avec un vrai cri du cœur etc...", je pense que celui ci appréciera la dissonance.
Amen