Omnium Gatherum nous vient de Finlande et propose un death mélodique avec quelques accents doom et progressifs. On pense forcément à leurs compatriotes de Swallow The Sun qui ont opéré dans le même secteur et furent aussi leurs compagnons de route en Europe. Mais le groupe qui nous intéresse est globalement moins prise de tête dans son approche. Bénéficiant d'une production concoctée par Dan Swäno (maître à penser d'Edge Of Sanity, au CV long comme un bras), ces messieurs ont donc en tout cas la garantie d'un son de qualité. Quant à la musique...

D’entrée de jeu, c’est un pavé qui attend les auditeurs. Bien sûr, ils n'auront pas été les premiers à tenter ce genre d'exercice, mais du haut de ses 9 longues minutes, celui-ci s’avère assez indigeste. Il eût été bien plus judicieux de placer “Ego” en tête de liste. Plus compact, plus melodeath, plus rentre dedans. Les longues pièces progressives auraient dû être gardées pour plus tard. Cette prise de risque est respectable et peut-être même qu'elle plaira à quelques-uns mais il est clair qu’elle en rebutera beaucoup d’office. En effet, l’opener n’a rien d’un morceau « facile » (avec une durée pareille, cela aurait été étonnant). Long, lent, rempli de variations folk, planantes, celui-ci se révèle peut-être assez représentatif de ce que sera l’album. En revanche, pour les plus courageux qui n’auront pas abandonné après l'écoute du pesant “Everfields”, pratiquement chaque titre qui suivra réserve son lot de surprises fort agréables.

Parmi celles qui devront retenir votre attention : le passage chanté à la quatrième minute du morceau titre, suivis par des chœurs guerriers du plus bel effet. Le chant d’ailleurs, varie très peu, 90% du temps c’est un growl monolithique que l’on entend derrière le micro. Mais à aucun moment cela ne handicape le disque. “An Infinite Mind”, fait plusieurs fois étonnamment penser à “Lifting Shadows Off a Dream” de Dream Theater ! Un bref solo de basse au milieu de titre introduit un break où Jokka Pelkonen s’aventure dans les cris aigus, s’en suit un solo de guitare épique … (non ce n’est pas terminé!) avant le final planant. Omnium Gatherum, c’est tout ça, dans quasiment chaque chanson. C’est aussi valable pour les cas plus directs, comme "The Distance" qui multiplie les plans aériens, au milieu d’un déferlement de violence. Quand ça devient plus catchy (leur facette la moins intéressante, mais réussie), le résultat est à l’image des meilleures créations du melodeath: le déjà cité "Ego" ou "Nova Flame".

Même l’interlude "Watcher of the Skies" est un régal. Pas de branlette instrumentale, toujours dans le ton de l’album : épique, atmosphérique. New World Shadows se termine comme il avait commencé : un pavé, mais autrement plus réussi. L’apothéose avec encore ces chœurs divins qui avaient fait briller “New World Shadows” ! Là où la lourdeur d’un "Everfields", sans en faire un mauvais titre, plombait quelques peu le démarrage, “Deep Cold” apporte une magnifique conclusion sous forme de montée en puissance : guitare sèche aux intonations folk, les claviers qui font durer la fin du morceau avant d’être rejoints par les guitares. Omnium Gatherum, faute de défricher de nouveaux terrains, a su tirer le meilleur de ce qui existe et modeler non pas une hideuse créature de Frankenstein mais une belle pièce. Cette absence de réelle originalité est d'ailleurs finalement le seul reproche qu’on pourrait leur faire.

Ne connaissant absolument rien de leur passé (c’est leur cinquième album), ce New World Shadows est pour le coup une sacrée bonne surprise, surtout à la lecture des critiques sur leurs précédentes sorties. On ne peut pas parler de « révélation », au vu de leur ancienneté, mais il faut reconnaître aux Finlandais l’effort d’avoir composé une œuvre recherchée. Gageons qu'ils continueront sur leur lancée ...
JoroAndrianasol
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le 18 févr. 2013

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