John Mayall n'en a pas fini avec le blues et, encore et toujours accompagné de ses fidèles Bluesbreakers (qui ont vu passer Clapton, Mick Taylor ou Peter Green), il continue de s'éclater et proposer de nouveaux enregistrements, Nobody Told Me étant le dernier en date.


Si la formation de base n'a pas bougé depuis dix ans, avec Greg Rzab à la basse et Jay Davenport à la batterie, John Mayall se fait aussi plaisir en invitant les guitaristes Todd Rundgren, Joe Bonamassa, Steve Van Zandt, Alex Lifeson et Larry McCray, ainsi que Carolyn Wonderland pour chanter sur quelques morceaux. L'album contient d'abord sept reprises, plutôt méconnus à l'origine (et qu'il réarrange totalement), puis trois nouvelles compositions pour conclure. N'ayant jamais trahi son contrat avec le diable, on est, à nouveau, dans une veine blues, avec des petites touches funky ou d'autres mélancoliques par-ci par-là.


Hé oui, il a toujours le blues dans la peau et il n'est pas le seul, car c'est Joe Bonamassa qui est à l'honneur sur le premier titre, une reprise de Magic Sam qui lance parfaitement bien l'album, avec un bon tempo, une section cuivre qui n'est pas en reste, un Joe qui assure à la guitare, autant que Mayall rassure au chant. Sur ce point-là, il laisse la place à Larry McCray sur The Moon is Full, chanson aux accents funkys où il va prendre place derrière l'orgue pour mettre sa patte sur la partition d'Albert Collins. Encore une fois, les guitaristes sont au premier plan, et ce n'est pas pour déplaire tant ils ont le feeling et le talent pour sublimer ces morceaux, notamment McCray et ses fantastiques envolées.


Après le chant et l'orgue, John Mayall ressort (superbement) l'harmonica pour le pur blues Evil and Here to Stay, reprise du Jeff Healey Band, sublimée par la guitare d'Alex Lifeson, livrant un intense duel avec le patriarche du blues britannique. Enregistré au studio 606 et produit par Eric Corne, l'album bénéficie d'une production nette et soignée, comme en témoigne That’s What Love Will You You Do, reprise du trop méconnu Little Milton, qui bénéficie lui d'un Todd Rundgren ressortant sa guitare du haut de ses 70 ans.


L'album repart de plus belle grâce à Carolyn Wonderland qui vient imposer ses talents de guitarises slides sur la superbe Distant Lonesome Train, reprise d'un récent album de Joe Bonamassa. Le texan revient à la charge pour Delta Hurricane où sa guitare se mêle magnifiquement à l'orgue. La dernière reprise est un bel hommage à feu Gary Moore et The Hurt Inside peut compter sur Larry McCray pour imposer son doigté, qui se fond avec légèreté dans des cuivres, la voix de Mayall ainsi qu'une ambiance plus posée.


Nobody told me, That a life could move so fast


Steven Van Zandt quitte l'E Street Band du Boss pour venir poser sa patte sur la composition It’s So Tough où son jeu est en adéquation avec le blues de Mayall. Les deux dernières compositions, Like It Like You Do et Nobody Told Me, bénéficient de la guitare de Carolyn Wonderland. Si la première emprunte au rock traditionnelle, la seconde, longue de plus de sept minutes est un sublime blues teintée d'une forte mélancolique, Mayall évoquant le temps qui passe et les dégâts de celui-ci.


Pour cet énième album, John Mayall garde sa base habituelle et invite ses prestigieux amis guitaristes pour venir sublimer ses compositions ou des reprises de blues qu'il se réapproprie. Il y a une osmose dans Nobody Told Me, dû notamment à l'alchimie entre les musiciens, le talent de ceux-ci ainsi qu'à l'atmosphère traversant l'album, assez mélancolique et regardant vers l'arrière pour mieux capter le présent.


Tracklist :


What Have I Done Wrong (featuring Joe Bonamassa)
The Moon Is Full (featuring Larry McCray)
Evil and Here to Stay (featuring Alex Lifeson)
That’s What Love Will Make You Do (featuring Todd Rundgren)
Distant Lonesome Train (featuring Carolyn Wonderland)
Delta Hurricane (featuring Joe Bonamassa)
The Hurt Inside (featuring Larry McCray)
It’s So Tough (featuring Steven Van Zandt)
Like It Like You Do (featuring Carolyn Wonderland)
Nobody Told Me (featuring Carolyn Wonderland)

Docteur_Jivago
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le 18 févr. 2021

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