Octavarium
6.7
Octavarium

Album de Dream Theater (2005)

Après nous avoir balancé deux albums aux forceps, riffs meurtriers saccagés par des coups de grisous assourdissants, Dream Theater raffûtait sur les rivages durcit d’un métal ombrageux. Du coloriage rouge vif et filandreux. Bref, l’ennui dardait sévère et autant l’avouer, mézigue n’y croyait plus guère avant l’arrivée de cette huitième levée New-Yorkaise placidement intitulée Octavarium. Un peu paumés dans les méandres d’un style moribond qu’ils avaient largement contribué à populariser par le flamboyant Images & Words (1992) et sa suite monolithe Scenes From A Memory (1999), les premières mesures prennent le pouls : rythmiques rasées de près et cassures chausse-trapes sont au rendez-vous dès le tourbillonnant “Root Of All Evil“.


Maux de tête en perspective ? Fausse piste. Les claviers de Jordan Rudess prennent de l’ampleur, s’imposent, servis par des soli exigeants, calibrés au millimètre. La suite nous donnera raison. La ballade “The Answer Lies Within” interprétée par un James LaBrie plus sobre qu’à l’accoutumé (quel soulagement) et nous voici chamboulés sur des arrangements laissant transparaître une orchestration assez soft jusqu’ici inexplorée par nos amis. John Petrucci, lui, fait toujours merveille sur sa “sept” cordes sans étaler des sommets de démonstration pour le simple plaisir de tartiner. C’est la vie !


En retrouvant le son qui prédominait sur Falling Into Infinity (1997), d’aucuns pensèrent (très fort) que le groupe avait perdu la niaque, qu’il s’était brutalement ramollit du Marshall façon régression à double foyer. Douloureuse perspective alors qu’au contraire, l’album propose un subtil dosage entre mélodies bourrues (le dispensable “Panic Attack“, l’électrocuté “Never Enough“) et nervosité hypnotiques (“These Walls“, “Sacrified Sons” et sa formidable envolée ventrale). Un cocktail détonnant nettement plus facile à digérer que d’habitude malgré les 75 minutes syndicales au compteur. On titube ainsi près des fils à haute tension. Une vitalité retrouvée sur une pop song parfaite. Un carton inévitable. “I Walk Beside You” s’imposera sans mal comme le nouvel hymne mainstream de Dream Theater, avec ses accents de rock adolescent, U2 en option. Désarmant. De l’autre côté, le monstrueux “Octavarium“, véritable morceau de bravoure, confirme le virage amorcé dans la brillantine. L’introït “Shine On your Crazy Diamond” en ligne de mire (Pink Floyd en influence / référence revendiquée), la suite a du répondant. Braquage en règle sur Transatlantic : la collaboration Mike Portnoy / Neal Morse déteint plein pot. Acoustique, flûte, synthé vaporeux, la succession d’ellipses fulgurantes ne cède jamais à la facilité jusqu’au feu d’artifice final, enrobé par une basse volubile de John Myung. Explosif. Jouissif. Ce fleuve emporte tout avec lui. Loin. Bien loin des sentiers battus.


Pourtant, cet album ne fera pas l’unanimité. Une fois de plus. Mais il répondait aux nombreuses questions soulevées depuis Scenes From A Memory. Plutôt que de s’enfermer dans son schéma répétitif, Dream Theater se nourrissait de ses multiples collaborations pour en faire gicler la substantielle moelle pour faire de cet Octavarium une fournaise enthousiasmante et apaisée. Malheureusement, la suite n’allait pas forcément confirmer cette tendance. Mais c’est une autre histoire !


Critique sur Amarok Magazine

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le 15 janv. 2012

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