Once
7.1
Once

Album de Nightwish (2004)

Once est fabuleux. Il l'est parce qu’il incarne l’essence de Nightwish. Abouti et outrancier à la fois. Démesuré, gourmand, mais pourvu d’une élégance naturelle, presque systématique. Il tranche dans le vif. Un son metal heavy, froid, brutal, soutenu de tout son poids par un orchestre symphonique grandiloquent.


Grandiloquent, c’est le mot-clé quand on parle de la formation finlandaise. Tuomas toujours à la recherche du maximum. Sa plume, finit chaque album fatiguée d’avoir autant gratté le papier. Oui mais cela en vaut la peine, car le poète venu du froid nous réchauffe le cœur. Les textes n’ont pas oublié la vertu première de la musique : divertir. Divertir et émerveiller son auditoire, ses lecteurs. Toujours aborder les thématiques de ce dont l’être humain peut s’émerveiller : L’amour, les légendes, l’Histoire, l’art…


La musique de Nightwish, pilotée par son claviériste a toujours semblée être programmée pour une ascension infinie. Pas en terme de succès commercial ou accomplissement artistique (quoique) mais disons que Tuomas s’est toujours demandé comment faire « plus ». Comment maximiser l’expérience de l’auditeur, comment exprimer le plein potentiel de son expression musicale. Depuis 1997 jusqu’à nos jours, Nightwish a toujours volé vers cet horizon.


D’Angels Fall First à Century Child, on pouvait penser de Nightwish que c’était un bon groupe de metal symphonique finalandais, voué à un brillant avenir de par son talent et son inventivité. Vocation confirmée puisque le succès auprès des puristes était au rendez-vous. Objectif atteint, affaire classée.


Mais Once redistribue les cartes et marque, à mon sens, le point de départ… Non.. Le point de référence de la « maximisation » que j’évoquais plus haut. Entre ici, orchestre philharmonique, donne à Nightwish toute la grandeur à laquelle il est destiné!


Paradoxalement, s’il gagne en volume et en densité instrumentale, la voix de Nightwish, perd en lyrisme et nous renvoie à un chant plus « classique », mais garde toute la cohérence nécessaire à la bonne marche de l’album. Au diable la virtuosité, les instrumentistes du groupe deviennent de bons soldats, partant au feu pour proposer un metal moderne, mais traditionnel dégageant une puissance dévastatrice. Tornade de riffs ravageurs (Dark Chest of Wonders, Planet Hell, Romanticide) et rythmique écrasante (Wish I Had an Angel). Chaque titre de Once est une vraie rafale dont on se remet difficilement. Une bonne claque en somme.


Comme sur Century Child, Marco devient le pendant masculin de Tarja. La valeur ajoutée se confirme sur des duos impressionnants de complicité (Planet Hell, The Siren) où chaque échange vocal s’effectue dans une logique presque mathématique. Passé les 6 premiers titres, on sait déjà qu’on écoute un album de qualité supérieure. Tuomas veut le succès, mais Tuomas veut aussi la manière, la classe, la puissance et la maestria. Il ne veut plus partir dans un déluge de notes comme ce fut le cas sur Oceanborn et Wishmaster. Il faut être direct, mais l’être avec élégance. Car Nightwish est un groupe très propret, qu’on polit et qu’on nettoie toutes les 5 minutes en l’admirant avec une certaine béatitude.


Béatitude effective devant des pièces comme Creek’s Mary Blood et Ghost Love Score. Je passerais vite fait sur le premier, résumant l’histoire tragique des indiens d’Amérique, non sans nous plonger dans l’atmosphère qu’il convient, accompagné par John Two-Hawks natif américain de son état (désuni) colorant ce morceau brillant et émouvant.


Mais je ne peux m’empêcher de consacrer un paragraphe à l’un des classiques ultimes de la discographie de Nightwish. Ghost Love Score jouit aujourd’hui d’une place de choix dans les concerts du groupe. Ce qui n’a pas toujours été le cas. A ce sujet, me voilà obligé de faire une ellipse temporelle avant de parler des qualités intrinsèques de la bête. Laissez-moi vous emmener jusqu’en 2012 et en 2013 soit 9 ans après Once. Nightwish n’a plus de chanteuse et appelle Floor Jansen (After Forever, ReVamp) en catastrophe pour officier, de manière intérimaire, au micro. 10 octobre 2012, Austin, Texas. Le groupe réintègre Ghost Love Score dans sa setlist, une première depuis 2009. Mais seuls les fans présents ce soir-là en seront témoins. 2013. Nuclear Blast le label du groupe, a la bonne idée d’uploader une vidéo officielle d’un live tout bête à Buenos Aires dans une salle assez analogue au Trianon de Paris. Rien de bien méchant. Mais tout va changer pour le groupe et ses fans. Hors de question que Floor Jansen reste une simple intérimaire. Elle doit absolument être la chanteuse de Nightwish. Ce soir-là, elle va embraser le cœur et les oreilles d’une bonne centaine de spectateurs et de milliers de fans du groupe au travers de cette vidéo. La chanteuse néerlandaise magnifie une composition qui n’en avait pas vraiment besoin. Et le murmure argentin qui s’élève dans la salle, alors que ses cordes vocales envoient une note surréaliste après presque plus d’une heure de show est déterminant. Floor Jansen s’est appropriée plusieurs choses cette nuit. Le cœur des fans, Ghost Love Score et un nouveau travail. Je pourrais en parler encore longtemps, car il y a bien des choses à dire, mais il s’agit de la chronique de Once sorti en 2004 avec Tarja au chant, ce qu’il convient de respecter. Ghost Love Score est une épopée amoureuse, portée par… une BO de film. Blague à part, la pièce-maîtresse de Once tire le potentiel absolu de l’orchestre symphonique et annonce ce que seront les futures compositions du groupe. Bien évidemment, il n’a pas vocation à être un morceau complexe ou ambitieux comme peuvent et pourront l’être d’autres créations de Tuomas. Mais la recette est magistralement respectée. C’est juste beau, épique et admirable.


L’apothéose de l’album en somme. Avec Once, Tuomas envoie un message. Il indique le chemin à suivre. Son succès dépassera toutes ses espérances et lui permettra enfin d’enclencher le mode turbo. Ouverture vers le grand public sans qu'il élogine les puristes, concerts plus spectaculaires, dans de plus grandes salles... Jamais la musique de Nightwish n’avait été aussi majestueuse. De nombreuses tempêtes suivront cet album, mais la machine est déjà lancée et ne s’arrêtera pas. Après une telle expérience, la phrase ouvrant l’album prend tout son sens. Once, I had a dream, and this is it…


Et puis en bonus, car je pense que tout fan de metal et de mélodie doit l'avoir au moins vu et entendu (et parce que j'aime prendre soin de mes lecteurs): https://www.youtube.com/watch?v=3brcfttchzA

Créée

le 3 janv. 2017

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