La stratégie marketing de la belle Lana sera-t-elle bientôt aussi controversée que sa personnalité - fake ou pas fake ? - et son image - ultra-médiatisée ? Pas envie de compliquer les choses, "Paradise", le deuxième CD du coffret "Born To Die - The Paradise Edition", compte 8 chansons et fait plus de 30 minutes, ce qui le qualifie sans problème comme "nouvel album" de Lana Del Rey. Alors que "Born To Die" avait fini par s'imposer comme l'un des disques essentiels de l'année 2012, malgré ses scories et des gros défauts de production, "Paradise" redresse le tir et abandonne le modernisme hip-hop irritant qui tirait vers le bas son prédécesseur : ici, c'est une ambiance classiquement cinématographique qui est développée au fil des morceaux, une ambiance que l'on peut cette fois qualifier de "de bon goût", voire "classieuse", rattachant Lana à un historique de crooners magnifiques. La modernité de Lana se niche ici bien plus intelligemment dans ses textes - dépressifs, noirs, parfois (inutilement) transgressifs, mais toujours personnels. La voix de Lana paraît plus libre, oscillant plus que jamais entre le glamour façon femme fatale et les minauderies d'une éternelle Lolita. La charge sexuelle et émotionnelle reste tout aussi forte, et les clichés - américains, hollywoodiens - sur lesquels Lana fonde son personnage et sa démarche abondent toujours. Finalement, la seule faiblesse de "Paradise" est à chercher du côté des chansons, certes honorables, belles même ici et là, mais un peu en dessous des meilleurs morceaux de "Born To Die". C'est certes dommage, mais il n'y a cependant dans "Paradise" rien qui puisse altérer notre confiance en l'avenir artistique de Lana Del Rey. [Critique écrite en 2012]
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