Physical Graffiti, source d'influence toujours d'actualité, ou la marque de l'intemporalité

Avec une écoute attentive au casque, format CD avec un discman (on est moderne ou on ne l'est pas et j'ai choisi mon camp), il ressort que "Physical Graffiti", 6e opus de Led Zeppelin, est vraiment très, très bon. Il fait honneur à sa réputation d'album culte.


En effet, le disque reflète l'esprit très expérimental et très libre du groupe. A la fois progressif, psyché, blues, funky et oriental, il marque l'aboutissement de leur style éclectique.


Il s'inscrit bien dans son époque "prog" par les compositions, longues, étirées, à la fois hard rock et planantes, ainsi que le parti-pris des instruments choisis : beaucoup d'orgue (hammond, ou Clavinet), d'effets sur les guitares, comme l'harmonisation et le delay.


"Kashmir", chanson la plus connue résume à elle toute seul l'aspect prog, oriental, planant du disque. J'y décèle des traces de "Live and let die". De toute façon, il y a du Beatles dans Led Zep, mais comment pourrait-il en être autrement ? Ils ont tout exploré et comme le disait Lemmy : "c'est le plus grand groupe de tous les temps".


"In my time of dying", qui serait le titre le plus long de leur discographie, est incroyable. Guitares jouées au bottle neck, breaks improbables, ultra groovy, fin enlevée. C'est un mini résumé de l'esprit Led Zep à lui tout seul. Rien que pour ce morceau, l'album est déjà culte.


"Trampled under foot", rythmée par le Clavinet sonne comme un tube de Funk/ soul. On croirait qu'à tout moment James Brown va débouler pour toaster et rappeler les fidèles à l'ordre, façon "blues brothers".


A y regarder de vraiment près, on pourrait même noter des corrélations entre le riff de "In the light" et celui de "Zero the hero and the With's spell" paru dans "Flying teapot" de Gong, 2 ans auparavant, en 1973, morceau référence du rock jazz psyché.


"The wanton song" est presque une autoréférence au riff arrêté d'"Immigrant song", la suite funky est super bien vue, très novatrice pour l'époque, très imitée/ developpée dans le métal fusion des années 90. (Incubus, Infectious grooves, Suicidal Tendencies, Korn, Limp Bizkit).


Superbe moment de finger style avec "Bron-Yr-Aur".


L'album demeure culte et intemporel en ce sens qu'il continue d'influencer bon nombre de groupes actuels.


Quelques exemples :


1) "Wake up" VS "Kashmir". J'ai regardé dans la pochette si Rage Against The Machine avait crédité Led Zep pour l'hommage plus qu'évident à "Kashmir" dans leur compo "Wake up". Rien, pas un mot, que dalle.


Il est même marqué en toutes lettres "aucun sample n'a été utilisé dans ce disque". De la part de RATM, les tenants de l'attitude anti-système, il s'agit là, soit de faire un clin d'oeil à l'un de leurs groupes favoris, soit de prendre leur public ouvertement pour des cons : "ça passera, personne ne se rendra compte qu'on a pompé "Kashmir", il est vieux ce morceau".


J'espère franchement que c'est la première option qu'ils ont retenu. En même temps l'absence total de crédit me fait douter.


Les deux chansons sont bien mais "Wake up" doit quand même clairement son succès au riff 100% "Kashmir" like. Quand on pompe, on crédite, merde.... Que dire de Puff Daddy qui a lui aussi pompé la chanson, ou de "Téléfoot" qui en a fait son générique si ce n'est qu'elle est une référence pour tous.


2) L'intro de "The rover" sonne comme "War Pigs" de Black Sabbath. Le morceau est une référence du heavy metal à lui tout seul : soli sublimes, couplet qui a manifestement influencé Metallica dans "Devil's Dance" (ReLoad, 1997)


3) La cornemuse au début de "In the light"a dû servir de modèle à Korn dans "Shoots and ladders".
Les double guitares harmonisées très blues du morceau ont visiblement marqué Down, à l'écoute de "Doob interlude", dans leur 2e album "A bustle in your hedgerow", titre d'album extrait des paroles de "Stairway to heaven".


4) "Down by the seaside" et son riff du enlevé, presque funky, en plein milieu de la chanson, a nettement servi de modèle à "North side star" de Mastodon, paru en 2017, dans le single "Cold dark place".


5) "Ten years gone" a marqué à elle toute seule beaucoup des titres de Lenny Kravitz.


6) L'usage du bottle neck en guitare saturée est encore très présent dans le métal prog planant de Tool, dont le style pourrait être résumé comme la synthèse entre Led Zep et les Doors.


Je recommande d'ailleurs leur version de "No quarter" (Houses of the Holy, 5e opus de Led Zep), disponible dans l’album "Salival" (2000).


Bref, tout au long du disque, on retrouve l'adage de Zappa : "The mind is like a parachute, it doesn't work, if it's not open". Le résultat est là : grosse tchuerie. Un régal pour les oreilles.

Zardu
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le 22 janv. 2019

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Fitch zardû

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