Placebo
6.8
Placebo

Album de Placebo (1996)

Oubliez la suite. L’auto-caricature, les caprices du personnage, la voix de cheerleader indisposée par ses menstruations, leur amour sincère pour Indochine, leur reprise de Daddy Cool, les implants à la Fogiel, les clips putassiers de Gaspard Noé, les passages annuels à Taratata, le concept heureusement révolu de "molkette" et 80% de leur répertoire qui semble avoir eu pour seul et unique but de rivaliser en laideur avec les monuments du genre échafaudés par Muse.


Oubliez tout cela, car il fut un temps, 1996 pour être exact où nous étions bien contents d'écouter Placebo. Le cadavre de la britpop était encore tiède et écouter du rock devenait suspect aux yeux des journaux spécialisés. Réac ? Rétrograde ? Passéiste ? Allez savoir de quoi vous étiez suspecté lorsque vous n'aviez rien d'autre à offrir qu'une moue dédaigneuse à l'évocation insistante des sinistres disques de Trip hop, du folk dépressif ou des cochonneries de jungle (même Daho s'y était mis !) présents à foison durant ces 12 mois.


Il suffit de consulter n'importe quel classement d'albums célébrant cette année pour prendre conscience que les Pet Shop Boys, Dolorès de Murat ou Everything but the girl constituaient les maîtres étalons de ces 365 jours à la pauvreté presque inégalée. Sans le miraculeux "If you're feeling sinister" de Belle and Sebastian et le premier album de Placebo, le marasme eut été total. Faut dire qu'à l'époque personne dans la presse n'avait essayé de parler des 3 fantastiques album du Brian Jonestown Massacre parus cette là. Trop occupés à tresser des lauriers à Dj Shadow ou Lisa Germano probablement...


Placebo, un trio mené par le légendaire Brian Molko, un petit ricain coiffé comme mon ancienne prof de maths, tente de jouer la carte androgyne 4 ans après le premier Suede, en collant des grosses guitares sur des mélodies teigneuses. Come home, Teenage Angst, 36 degres, Nancy boys, des morceaux sans complexes, qui furent des petits hymnes pour quelques collégiens orphelins de punk rock qui passe à la radio.


Pas dépourvus d'idées non plus dans les ballades malades et curesques, un autre grand modèle esthétique et mélodique du trio : I know, Lady of Flowers auraient pu figurer sur des disques du gros Bob.


Le premier album de Placebo est donc un mélange entre Bowie pour le glam tendancieux, les Stooges pour le punch autodestructeur, Nirvana pour le mal être ado et Cure pour le mascara ? La synthèse n'est pas aussi parfaite que ça, puisque dans la suite de sa carrière, Molko a également pris le tares de certaines de ses idoles : le cynisme de Bowie le poussant à chercher les tubes sans pour autant trouver l'équilibre arty du maître, le glissement vers la caricature soft goth propre à certains albums de Cure.


Placebo eut le mérite de proposer au grand public autre chose que les disques des Red Hot Chili Peppers ou d'Oasis pris en flag d’embourgeoisement. En 98, ils réussirent même à faire un pas de géant avec leur second et meilleur disque, l'excellent "Without you i'am nothing" hautement recommandable. L'effet Placebo a donc fonctionné un bref moment au regard de la surprenante longévité du groupe.

Negreanu
7
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le 23 févr. 2019

Critique lue 781 fois

2 j'aime

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