Give Life Back to Music :
Que doit-on comprendre des paroles un peu vantardes de cette chanson ? « Nous, Daft Punk, allons redonner de la vie dans la musique. » Et mon cul sur la commode ? C’est pas parce que la musique est faite sur ordinateur qu’il n’y a plus de vie dedans ! Et d’ailleurs, on n’a pas attendu Daft Punk pour avoir de l’électro avec des vrais instruments, mais passons. Au-delà de ça, ce morceau tout de guitare funk vêtu, avec quelques étonnants breaks hard rock, est un bel accueil chaleureux, un peu répétitif, mais comme nous l’ont prouvé la plupart des singles précédents de Daft Punk, répéter la même chose pendant cinquante mesures, ce n’est pas un souci quand c’est fait pour ça. 7/10

The Game of Love :
Eh, c’est quoi ça ? On commence en Ferrari, sur les chapeaux de roue, et dès la deuxième piste on se retrouve sur un tracteur à galérer dans un chemin de terre. Comme l’ont remarqué un paquet de gens, The Game of Love ressemble à une musique funky de film de cul des années 70 qui se passe dans le futur, avec un acteur portant un costume de robot en carton. Pénétrator ? Première rencontre avec l’un des problèmes de Daft Punk : la tendance à la ringardise. Moi je ne suis pas du tout snob. Selon moi, le bon goût est subjectif, et la hype, une communauté de connards riches faibles d’esprit qui ne savent pas quoi foutre de leur fric (c’est chic, freakah !). Le morceau est somme toute audible, mais trop banal, et on attend un peu mieux d’un groupe qui se présente comme l’un des meilleurs du monde. 4/10

Giorgio by Moroder :
Hommage au compositeur de musiques de films (tels que Scarface), de funk et de disco, Giorgio Moroder. Ce dernier parle en personne de ses débuts et son ambition musicale, sur une instru funk et un arpège de basse rappelant ses propres compositions. Puis une étonnante batterie fait basculer le morceau dans le rock progressif, et se termine en apothéose oldfieldesque après un sympathique solo de basse. C’est plutôt cool et ambitieux. 8/10

Within :
De retour, pour vous jouer un mauvais tour, le versant « cheesy » de Daft Punk. Très similaire à The Game of Love, Within bénéficie quand même du timide secours du piano de Chilly Gonzales. Quand j’ai écouté cette piste, je me suis quand même écrié : « mais arrêtez ça enfin ! Vous voyez pas que vous lui faites du mal ?! » À qui ? Je ne sais toujours pas. 4/10

Instant Crush :
On va éviter de parler de cette voix autotunée à la con qui donne l’impression que Julian Casablancas est dans son bain en train de faire des bruits avec sa bouche… Ce petit côté soft rock type the Police est drôlement agréable. Personnellement, j’aime beaucoup le petit synthé Atari qui s’invite à la fin de la chanson. 6/10

Lose Yourself to Dance :
Ça commence pas mal. La reverb sur la batterie donne un côté électro-funk début 80’s, la slap bass est délicieuse, et la petite rythmique de Neil Rodgers fout la pêche. Pharrell Williams chante avec sa voix presque jacksonienne, tout va bien. Et v’là t’y pas… Que des vocoders. Complètement ridicules. Se mettent à chanter des trucs débiles. À la limite « comone », c’est nul mais ça passe. « evewrybodi onedeuflore », je veux bien aussi. Mais qu’est-ce que c’est que cette voix dans les aigües qui fait : « evewrybodisinbidibilaonedeflore » ? Ça gâche tout ! En plus le calvaire recommence à 3:30, et du coup le morceau paraît hyper long. Le dérapage de l’album, selon moi. 4/10

Touch :
Alors ça c’est un morceau intéressant. D’abord faut savoir que les Daft Punk sont des fans de Phantom of the Paradise – film fantastique de Brian de Palma (réalisateur de Scarface) sur l’industrie du disque, relecture rock 70’s du Fantôme de l’Opéra – et qu’ils se sont inspirés du costume du héros du film pour leurs tenues de robots. Paul Williams, celui qui chante sur Touch jouait le méchant dans ce film, et en a composé la musique. Voyez ce film, et vous saurez d’où vient l’idée de ces chuchotements électriques venus d’ailleurs au début du morceau. Et vous pourrez comparer la nette ressemblance entre ce dernier et la musique du générique de fin de Phantom of the Paradise. Williams étant également le compositeur de tubes telles que la chanson du Muppet Show, et celle de la Croisière s’amuse, il a su créer une jolie ritournelle pour Touch, malheureusement mal servie par des transitions un peu brutales et hasardeuses qui cassent la continuité de la chanson. Dommage. 7/10

Get Lucky :
Bon, vous savez tous ce que c’est, pas besoin d’en parler. Moi je trouve ça un peu répétitif, mais sympa. 7/10

Beyond :
Est-ce que l’intro est une référence à Buzz l’éclair ? Là par exemple, c’est ringard, mais pas déplaisant. Malgré l’inévitable vocoder qui commence à nous gonfler, cette chanson est une sorte de Game of Love qui a réussi. Plus énergique et plus « original », avec notamment cette steel guitar qui se fait si rare dans la musique actuelle. 6/10

Motherboard :
On est enfin dispensés de vocoders, les synthétiseurs rappellent Chris Clark, les clarinettes s’invitent sans crier gare, la guitare acoustique est caressée d’arpèges. Les sons aqueux et bestiaux évoquent la campagne. Motherboard est automnal – logique, après l’estival Get Lucky –, délicat, relaxant, et bien qu’il soit le plus discret, selon moi l’un des meilleurs de l’album. 8/10

Fragments of Time :
Retour en été sur cette fameuse côte ouest que les Daft Punk voulaient évoquer – comme l’explique Todd Edwards dans la vidéo YouTube "Collaborators" – notamment grâce à la steel guitar. Fragments of Time est entre le funk, la soul, le rock des Eagles, et la musique purement électronique, avec le micro-sampling. Il fallait bien rendre hommage à cette technique d’abord utilisée par Todd Edwards et Akufen dans les années 90, puis popularisée par un certain Face to Face de Daft Punk (feat. Todd Edwards, déjà), et aujourd’hui très en vue dans l’électro (notamment dans le complextro, nouveau genre incarné aujourd’hui par Skrillex, Madeon ou SebastiAn). Pour ceux qui ne voient toujours pas ce que c’est, elle consiste à rythmer un morceau par différents sons courtement découpés. Bref, Fragments of Time est complètement maîtrisé, presque trop. Il laisse une étrange impression de fadeur. 6/10

Doin’ It Right :
Un vocoder répétant la même chose pendant quatre minutes, une boîte à rythme, un gars qui chante, trois notes de synthétiseur. Minimaliste et répétitif, sur le papier, Doin’ It Right ressemble à une sacrée merde. Erreur. Un charme mystérieux fait qu’on ne s’ennuie jamais vraiment. Le savoir-faire, probablement. 6/10

Contact :
Il paraît que beaucoup de gens aiment beaucoup cette bande-son pour mise à feu de fusée. C’est quand même franchement interminable sur la fin. 5/10
GiorgiodeRoubaix
7

Créée

le 3 sept. 2013

Modifiée

le 3 sept. 2013

Critique lue 534 fois

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