Quelques pensées couchées lors des deux premières écoutes de cet album.
Vu le nombre de pistes (élevé comparé à la moyenne de ce que j'écoute), je n'écrirai pas une chronique en "pavé", mais vais plutôt détailler chaque piste. L'utilité des chroniques "track by track" est certes discutable, je ne m'en défendrai pas : aussi je renvoie le lecteur à lire une des nombreuses autres critiques de ce site si ce modèle ne lui convient pas. Bonne lecture ! (antescriptum : désolé pour les quelques fautes d’orthographe ou conjugaison, je n'ai pas encore pris le temps de me relire...)

Give Life Back to Music :
On retrouve dès les premières secondes l'esprit Daft Punk, ce disco robotique entraînant, mais très rapidement une différence saute à l'oreille : la partie electro est clairement effacée comparée aux albums précédents, laissant la place à un disco funk nettement plus organique. L'envolée des toutes premières secondes revient plus tard dans le morceau, et renouvelle la dynamique. Une excellente entrée à la matière.

The Game of Love :
Le sentiment pressenti est confirmé : Daft Punk a troqué ses beats electro pour une batterie très travaillée en terme de groove, flagrante dans ce morceau, où la basse/batterie dirige entièrement la danse, enrobée d'instruments à teneur aérienne. Un morceau plutôt rêveur, qui évoquera peut être à certains la B.O de Drive dans son feeling : à écouter en voiture de nuit, sur une longue route éclairée de multiples couleurs. Vers la fin, une mélodie semble faire un clin d’œil à Veridis Quo. Les Daft restent les Dafts.

Giorgio by Moroder :
Hommage à une légende du disco, dont le morceau accompagne la narration. Lorsque le morceau part enfin, une mélodie electro typique de l'époque Human After All fait son entrée, tandis qu'encore une fois la section basse/batterie monte, monte,monte. Giorgio by Moroder surprends en son milieu, avec un passage jazz plutôt étonnant, avant de retourner à la boucle electro du début, que l'on imagine monter à nouveau : mais alors arrive une orchestration (magnifique, en passant), pour retomber encore plus fort sur cette même mélodie electro, qui s'envole à toute vitesse avec une batterie extrêmement inspirée. Si le choix d'adopter des fûts acoustiques pour cet album pouvait surprendre de prime abord, il est complètement justifié par ce morceau. Le morceau s'achève en avalanche dans un délire qui parait presque improvisé. 9 minutes ? Je ne les ai pas vu. La grosse claque.

Within :
Surprise, le morceau nous accueille avec un piano magnifique et encore une fois extrêmement travaillé. Le chant vocodé arrive et surprends à nouveau. On atterrit dans une sorte de balade somme toute assez étrange, pas forcément désagréable mais certainement décevante après le sublime travail au piano de l'intro. Une fois la batterie arrivée, il n'y a plus vraiment de génie à entendre, quelque soit l'instrument. Premier point noir de l'album, après trois excellents morceaux.

Instant Crush :
Dès l'intro, le morceau fait penser à d'autres assez célèbres, dans un mid-tempo très classique. Le chant de Casablancas, brillamment vocodé pour l'occasion, fait mouche. Le refrain laisse cependant un doute : difficile de savoir si c'est catchy ou poussif. Les couplets, en revanche, sont excellents. Le featuring est en tout cas une grosse force, les mélodies utilisées par Julian ne ressemblent pas à celle généralement employées par les Daft. Un solo de guitare se fait entendre, sorte d'écho à leurs anciens albums, mais apporte finalement peu d'intérêt. Un morceau sympathique au final, mais pas du niveau des trois premiers. L'album semble stagner...

Lose Yourself to Dance :
La (petite) peur générée par les deux morceaux précédents est très vite gommée par cette piste, dotée d'un groove à couper au couteau. Pharrell Williams montre à nouveau sa qualité de chanteur extrêmement talentueux dans ce registre disco/pop/funk, porté par une instrumentale en béton et une structure taillé pour le dance floor. Les voix robotiques sont encore une fois utilisées à des fins mélodiques (solo-esques), on retrouve le génie du duo français avec un grand plaisir. Définitivement un des hits de l'album.

Touch :
L'intro, aérienne et progressive, surprends à nouveau, et évoque presque Pink Floyd. La voix de Paul Williams brise cette envolée, et semble toute droit sortie d'un morceau de Moby ; par ailleurs, la suite de ce morceau renforce cette impression, jusqu'à ce que la batterie s'invite à la fête, accompagnée d'une trompette (!?)
Malgré un début très prometteur, cette partie "speed" laisse un peu pantois. Elle poursuit sur une autre partie cette fois plus lente, nettement plus appréciable, mais toujours pas transcendante. Morceau intéressant, mais pas folichon au final.

Get Lucky :
Rien de surprenant ici, tout le monde a entendu ce morceau. Dans le même registre que Lose Yourself to Dance, quoique plus posé ; les avis sont mitigés, mais pour ma part, je trouve ce morceau excellent. Un groove terrible, encore une fois.

Beyond :
La piste s'ouvre sur une orchestration qu'on dirait toute droit sortie d'un jeu vidéo japonais. Evidemment, cela ne dure pas et on retrouve très vite le disco funk de l'album. D'ailleurs, celui ci ressemble aux premiers morceaux : un basse/batterie assez hypnotique, accompagné d'un chant et d'instruments plutôt aériens. Le morceau est bon en soi, mais il manque surement d'un élément surprenant. Rien de très marquant.

Motherboard :
La surprise se trouve plutôt dans ce morceau : la section rythmique ne ressemble à aucun morceau de Daft d'auparavant. Une piste assez ambient : abordée dans ce genre, elle est même excellente. Rien de disco/funk ici, juste une belle "musique de fond", comme se plairaient à dire certains. Au milieu, un rythme très tribal s'entame puis s'arrête, laissant attendre une reprise du tonnerre : mais cette reprise ne viendra pas, ou viendra plus tard, avec moins d'intensité qu'escompté. Assez inattendu, mais vraiment pas un hit.

Fragments of Time :
Après la pause ambient, retour au disco/funk. Pas très enthousiasmant au début, le refrain fonctionne en revanche très bien, même si il est de plus en plus difficile d'entendre la patte de Daft Punk. La voix de Todd Edwards est bonne, mais assez quelconque comparée aux autres featuring de l'album. Encore un morceau ni bon, ni mauvais. Le solo de guitare/voix de la fin n'y change pas grand chose...

Doin' It Right :
Le morceau se lance aussitôt sur une mélodie vocodée, vite accompagnée d'un beat electro plus classique aux Daft. La voix de Panda Bear s'ajoute ensuite à la boucle, mais à nouveau assez quelconque après l'avalanche de featuring. La structure du morceau est d'ailleurs assez soporifique : il ne se renouvelle jamais vraiment, et stagne dans un rythme assez lent sans pour autant que la voix ou l'instrumentale ne rehausse l'intérêt. Un morceau très vite oublié.

Contact :
Dernière piste de l'album. Ca fait déjà quatre morceaux peu intéressants d'affilée avant celui ci, alors on peut se permettre d'espérer que l'album se termine sur une bonne surprise. On retrouve avec plaisir la folie de Giorgio by Moroder, avec sa batterie fougueuse et ses envolées de synthé. L'ensemble se termine dans un énorme chaos, sympathique en soi bien que le morceau n'est pas aussi marquant que son équivalent du début d'album. Dommage.

MON VERDICT :
Dommage ! Quel dommage ! Une première partie d'album excellente, mais les bons morceaux se font de plus en plus rares à mesure que les pistes avancent. On commence Random Access Memories, on bave abondamment ; on le termine, on s'endors profondément. Malgré quelques pépites, ce nouvel album n'est pas au niveau des précédents, hélas. On retiendra quand même Give Life Back to Music, The Game of Love, Giorgio by Moroder, Lose Yourself to Dance et Get Lucky.
ibetheadmiral
6
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le 6 juin 2013

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A. J. E. Gibert

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3

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