J'me tate

Le concept est plutôt intéressant. Plutôt que de s'embarquer sous une pluie de pistes en tout genre bourrées de samples et de sons purement électroniques, le duo Ratatat a préféré faire place à une certaine sobriété en faisant parler les guitares autant que les synthés. Le tempo, entre lent et moyen, laissera volontiers la boîte à rythme en retrait. Très sobre en général, elle a quand même subit un certain soin jusqu'à donner des rythmes parfois attrayant et bien exploité (Breaking Away). L'ensemble des ces instruments est très mélodique et il est impossible de ne pas relier ce premier album avec les travaux de l'autre groupe New Yorkais, The Strokes. Les deux partagent cet amour de la superposition de guitares, des mélodies entremêlées entre lead doublées et rythmiques. Electro oblige, cet aspect est tout de même plus poussé chez Ratatat, mais ne donne lieu à aucune fulgurance technique, compensée par ce sens évident de l'orchestration pour guitares/synthé.

Mais un concept, ça ne fait pas tout. Même si l'album s'ouvre avec l'énergique Seventeen Years, je reste de marbre pendant la première moitié de l'album et n'est presque jamais transporté par cette musique (à part peut-être ce petit côté envoutant de Everest). La faute à des structures à 4 accords rapidement épuisées, sur lesquels se posent les ligne mélodique sans grande variété rythmique. Trop linéaire, cette musique prend son envol sur des titres comme Breaking Away ou Lapland, plus progressif. Mais le manque de relief dans le tempo rend monotone l'écoute complète de l'album. Difficile aussi de qualifier de bonne (ou mauvaise) la production de Ratatat. Se reposant essentiellement sur les deux/trois sons de synthé et un seul type de distorsion pour la guitare, et utilisant quasi tout le temps les mêmes artifices d'arrangements, l'album est évidemment cohérent. Mais cette paresse et un manque de soin dans le mixage renforce la monotonie et donne un aspect "jeune", non fini, à tel point qu'on pourrait qualifier ce premier album de "démo" (Desert Eagle est assez édifiante de ce point du vue là). Une sensation qui se confirme à l'écoute de leurs albums suivant bien plus travaillé. Je citerai aussi la basse manquant cruellement de piquant, trop souvent effacée par la rythmique et servant majoritairement à lier les accords. Malgré ces quelques points, l'absence de surcompression donne un côté léger à leur musique ce qui est très agréable.

En bref, ce premier album est plutôt prometteur grâce à son concept d'électro plus organique qu'à l'accutumée, mais l'essai n'est selon moi pas complètement transformé et manque de maturité. Heureusement, Classics va nettement corriger le tir par une plus grande diversité et une production au poil.