C'est quand même triste de sortir un album de 39 minutes au bout de seulement 5 ans de (vraie) carrière et 3 disques. Si encore les 8 petits morceaux qui composent RELAXER étaient tous bons et formaient un tout cohérent, mais c'est même pas le cas.
Commençons par le positif: le deuxième single In Cold Blood, est une tuerie, et d'autant plus appréciable qu'il est l'un des seuls morceaux véritablement rythmés du disque. On y retrouve les enchaînements couplet/refrain/break/crescendo qui avaient fait les belles heures du chef-d'oeuvre An Awesome Wave et notamment l'emblématique Breezeblocks (inévitablement évoqué par les "lalalalala").
Difficile d'en dire autant des deux autres singles: si Adeline fonctionne bien en ballade mélancolique, sorte de délicieux cocktail entre Bloodflood et Warm Foothills, le morceau d'ouverture 3WW est très décevant et carrément pénible sur certaines sonorités (notamment le grinçant "I just want to love you in my own language"). Le changement de couleur provoqué par la variation de tonalité mineur/majeur, que l'on retrouve par ailleurs vaguement sur l'insipide reprise du chef d'oeuvre House of the Rising Sun, exemple parfait du morceau qui semble construire un crescendo mais ne va nulle part, et plus franchement sur le morceau final, Pleader, bien qu'intéressant sur le papier, ne parvient pas à prendre de véritable consistance musicale pour faire vibrer l'auditeur.
L'album en tant que tel laisse une impression brumeuse, un peu floue, et même après six ou sept écoutes des morceaux comme Last Year ne laissent aucune empreinte. Où est passée l'ambitieuse polyvalence d'An Awesome Wave et This Is All Yours, qui tentait d'emmener son auditeur dans des contrées différentes à chaque piste? On repense avec émotion aux Interludes du premier opus, ou même aux deux Intros très réussies. Ici, cinq des huit pistes de la tracklist sont des chansons lentes qui, si elles parviennent parfois à saisir la poésie mélancolique entrevue dans Arrival in Nara, Interlude 3 ou encore Matilda (Adeline, peut-être le début de House of the Rising Sun), elles sont généralement plus proches d'un mélange mal dosé d'épique et de cristallin (3WW, Pleader) ou du simple morceau chiant (Last Year).
RELAXER a le format d'un album-concept mais pas le contenu, et rappelle douloureusement le ratage The King of Limbs (qui avait le mérite d'être bien plus tardif dans la carrière de Radiohead). Le quatuor de Leeds semble avoir peiné en termes d'inspiration pour boucler ce troisième disque, ce qui pourrait expliquer l'incompréhensible présence de l'attentat auditif Hit me like that Snare dans lequel Joe Newman, plus nasillard que jamais, nous informe des intentions du groupe: "Fuck you, I'll do what i wanna do". Ça a le mérite d'être clair.
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