Certains disent que 1995 est l’année qui représente le mieux l’âge d’or du rap, grossièrement situé entre 1990 et 1997. L’album solo du membre le plus déjanté du Wu-Tang Clan en est l’incarnation. Au niveau notoriété, Return to the 36 Chambers : The Dirty Version est certifié disque d’or 3 mois après sa sortie aux U.S.A. Cependant, l’album marquera moins les esprits à travers le temps contrairement aux classiques New-Yorkais de l’époque comme Ready to die de B.I.G et Illmatic de Nas. C’est principalement dû à son apparence formelle très brute. Autant dire tout de suite que ce n’est pas un album à conseiller aux novices puisque d’une part : le rap de l’époque ne s’ouvrait pas comme il le fait maintenant et depuis l’explosion d’internet et d’autre part : parce que c’est un album qui ne fait rien pour ménager son auditeur comme le fait Nas dans Illmatic justement. ODB enregistre des interludes complétement délirantes en plein trip de PCP, chose qu’il serait impensable de commercialiser maintenant. L’album a été enregistré tel quel, de manière spontanée sans que ce soit un travail bâclé et irréfléchi, loin de là. L’enfant terrible du rap US détenait tout simplement tous les codes de l’époque pour produire un rap primitif et sauvage, sans pour autant donner dans du réel gangsta-rap. C’est tout simplement l’un des 10 meilleurs albums de rap américain de tous les temps de par son aspect authentique et expérimental.


Quand on écoute l’album d’une traite, on a parfois le sentiment d’avoir été lésé sur la marchandise tant ses fresques hallucinatoires sont régulières. Heureusement, l’album transpire le rap, le vrai, avec des instrus bien crasses descendant tout droit de l’enfer de Brooklyn. Les morceaux Shimmy Shimmy Ya et Brooklyn Zoo, les deux titres les plus populaires, en sont les exemples les plus concrets. Pour ma part, j’ai une affection toute particulière pour l’enchaînement des deux morceaux The Stomp et Goin’ Down qui sont l’image même de l’extravagance du rappeur de 26 ans à l’époque. C’est un mix d’un rap pur avec un flow qui colle parfaitement au tempo de l’instru et de divagations hallucinogènes du jeune américain qui mourra 9 ans plus tard d’une overdose selon la thèse officielle. Si vous êtes énervé contre le système et que vous avez envie de tout casser, il y a une alternative à la musique punk ou métal, prenez une bonne sono, montez le volume à fond, insérez le disque Return to the 36 chambers : the Dirty Version face B, envoyez le titre Proteck Ya Neck II the Zoo et vous voilà frénétiquement emporté dans les quartiers miteux du New-York des années 1990.

baptistevanbalbergh
9

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le 25 avr. 2019

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The Passenger

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