Revolver

« J'aime pas les Beatles. J'aime pas leurs têtes, j'aime pas leurs sourires, j'aime pas leurs fringues, j'aime pas leur attitude, et surtout j'en ai marre de les voir dans tous les tops 10 des meilleurs albums de tous les temps de tous les magazines et sites spécialisés, comme si en cinquante ans rien n'avait été meilleur, comme si tous les chefs d'oeuvres sortis depuis ne méritaient pas d'être mis en avant. »
Mon rêve avant d'être tombé accro de Revolver et de l'avoir écouté des dizaines de fois ces derniers mois, c'était de pouvoir dire « c'est pas mal, mais bien moins bon que tout un tas de groupes moins connus de l'époque ». J'me suis battu avec tout ce que j'avais, j'ai été tellement costaud que j'ai même réussi à trouver ça moyen et bête à ma première écoute. Foutues oreilles bouchées, trop au service de mes aprioris...
Heureusement, j'avais dû sentir quelque chose, j'ai persévéré... Et justement, il y a une certaine forme de génie dans la complexité cachée de certains morceaux, qui peuvent paraître simples (« bêtes ») au départ. Et si c'était ça seulement... J'ai lu pendant des heures les paroles et les anecdotes autour, avec le site Genius. J'ai passé du temps sur internet, et je sais que j'ai encore beaucoup à apprendre sur Revolver et ce qui gravite autour, mais je choisis de me prononcer maintenant. L'album est à la fois extraordinairement facile d'écoute, varié et potentiellement addictif pour n'importe qui, et est en même temps très innovant, expérimental et mature à tous les niveaux. Il y a des cuivres, du sitar, des solos inversés, du cor français, des violons, des drogues, des inventions techniques et technologiques nouvelles, des textes à plusieurs niveaux de lecture, un travail en studio phénoménal et une virtuosité autant dans l'écriture que dans l'exécution. Toutes les notes et toutes les intonations vocales sont calées là où il faut pour donner l'émotion voulue, et ça marche. C'est un excellent disque.
J'aime toujours pas la tronche des Beatles, pas plus que leurs sourires ou leurs fringues, mais maintenant, je les admire.