Rubber Soul
7.9
Rubber Soul

Album de The Beatles (1965)

En 1965, les Fab Four, alors au sommet de leur gloire font paraître ce qui sera le tournant dans leur carrière et certainement mon album préféré des Beatles : Rubber Soul.


Plus qu'un groupe, les Beatles sont un mythe, une religion. Je ne vais donc pas parler de l'aspect historique du disque, des conditions d'enregistrement et donner foule de détails. Beaucoup le font mieux que moi. Je vais simplement dire que cet album m'a toujours plus. Enfaite, je suis devenu réellement fan des Beatles avec ce disque.
Les raisons sont nombreuses mais globalement, il y en a quelques unes qui sont principales. La première est Drive my Car. La piste d'ouverture du disque fait parti de mon top 5 personnel des Beatles. Mythique au possible, je ne peux qu'adorer un album qui commence ainsi.
Deuxièmement, j'ai toujours trouvé cet album très « rock » dans sa conception : l'inspiration venant de la Marijuana sans pour autant sombrer dans la décadence, les musiciens qui enregistrent la nuit, le passage derrière la table de mixage et bien sur l'arrêt des tournés quelques mois plus tard, en 1966.
Par tous ces éléments, le disque me séduit et me motive. Doit-on parler des répercussions, de l'influence que cela aura ? Du tournant vers Revolver ? De l'héritage du passé ? Comme je l'ai déjà dit, beaucoup le font mieux que moi et la littérature ne manque pas sur ce sujet. Non, ce qui m'étonne le plus avec ce disque c'est que même après un milliers d'écoute on ne se lasse pas de ses 35 minutes !


Aucun morceau n'est à jeter, c'est bien simple. Et l'on peut l'écouter réellement en boucle (d'ailleurs, je le fais très souvent, ne me rendant compte d'où j'en suis dans l'album que grâce aux morceaux à proprement parler). A ce propos je crois que je suis en décalage avec la majorité des gens qui voient l'avènement de « l'album » comme réel format, c'est à dire un disque complet et unis, avec Rubber Soul. Pour moi, cet album a beau être unis, il manque de deux chose : un début et une fin. Cela n'est guère présent.


Cela dit, l'ordre offre une excuse au seul morceau sur lequel je n'accroche pas : Norwegian Wood. Cette petite balade très douce est typiquement le genre de morceau qui montre l'évolution musicale des Beatles avec la bien célèbre sitar. Les sonorités sont magiques mais cette petite piste calme m'a toujours un peu ennuyée. Pour autant, elle est véritablement un chef d'oeuvre d’innovation pour le groupe et marque son tournant plus que le reste de l'album. De plus, en arrivant en second, je ne ressent guère de lassitude.
L'album possède, de l'autre côté des titres très rock. J'ai parlé bien sur de Drive my Car qui est magique mais peut-on véritablement oublier Think for Yourself ? Marqué par le son fuzz de McCartney et les paroles contestataires de Georges Harrison, le titre m'a surtout séduit pour ces refrains très dansant.
I'm looking through you, l'aspect folk/rock est puissant, et la voix de McCartney montre tout le ton rugueux qu'il peut développer. Là encore c'est dansant et envahissant de plaisir. De plus, on entre vraiment dans le royaume des chansons sur les amours ratés, une thématique forte des Beatles et très plaisante.
Run for your life est encore dans cette thématique d'amour raté et de jalousie. Là encore c'est rapide et le terme « run » n'est pas choisi au hasard tant on sent un aspect de course dans le morceau.
Dans la catégorie dansant, on a également le très bon The Word dont le chant de Lennon est là encore parfait (pourrait-il en être autrement?). Surement un des titres des Beatles que j'ai le plus chanté à tue-tête. Il faut dire qu'entre l'harmonium et la guitare les sonorités marquantes sont au rendez-vous. Ce qui m'impressionne le plus c'est que la transition amour « simplet » d'adolescent est devenu un amour universel, un amour fort, un amour comme réponse au monde. Idéal de la cause hippie, si on peut rire de la naïveté, il faut remettre dans le contexte. On se rend alors compte de la véritable intelligence de John Lennon, de son engagement, de sa prévoyance. Et on se dit que loin d'être devenu un groupe « bof » de fumeur de Marijuana, la drogue a réellement réveillé le meilleur des Beatles.


Au-delà de ces titres dansant, les Beatles offrent deux balades mélancoliques, radicalement différente. McCartney offre Michelle, dont la légèreté du thème est loin du magnifique travaille sonore et de l'aspect négatif de la musique. De son côté, Lennon donne un très bon Girl, soupirant à souhait et particulièrement inspiré.
Deux morceaux qui révèlent la part d'ombre, au niveau sonore, du groupe. Car, comme on l'a vu, au-delà de l'humour, les musiciens n'hésitent pas à mettre en avant des échecs.


Le disque contient aussi tout un florilège de nouvelle sonorité. Le sitar de Norwegian Wood bien sur, mais pas que.
Comment peut-on oublier l'orgue de In my Life avec sa voix très aigu ? Petite balade très douce, la magie de l'orgue fait envoler ce morceau, banal de base, vers les sommets du génie. L'auto-biographie de Lennon n'est pas inintéressante mais clairement c'est l'évolution sonore qui fait toute la force du titre.
Cet aspect auto-biographique se retrouve avec magie et pudeur dans Nowhere Man. Malgré les reproches de Lennon envers les choeurs, la magie est encore augmentée. Mélancolique, doux et avec cette fameuse note harmonique … Un des titres les plus marquants. Comment ne pas se sentir en osmose avec John ?


Dans les titres dont je n'ai pas encore parlé, il reste You won't see me, un titre simple et efficace, très marquant et envahissant l'esprit de l'homme.
What goes on montre une autre influence des Beatles, trop souvent oubliée : la country. Pas folle, cette chanson permet cependant de voir la largeur du spectre musicale, d'apprécier ce détour et surtout d'entendre la voix de Ringo. Rien que pour ça, c'est un véritable plaisir.
If I needed Someone marque une étape dans l'évolution du talent de Harrison. Si le morceau a peut être mal vieilli et qu'on ne se rend plus compte de son intérêt, on ne peut nier qu'il est agréable et réussi.
Wait pour sa part fait très classique et montre que Rubber Soul est un tournant : regardant le futur mais ouvert sur le passé.


Vous l'aurez compris : il n'y a rien à jeter dans ce disque. Il n'y a quasiment que des hauts, que des points culminants, avec quelques petites et légères retombées par-ci par-là.
Excellent disque, incontestablement, il souffre peut être de sa rapidité. Il montre réellement le groupe sous un de ses meilleurs aspects, on est au centre de tout son potentiel et on voit mal ce qui pourrait l'arrêter.

mavhoc
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le 18 sept. 2015

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mavhoc

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