Sinead Marie Bernadette O’Connor, née le 8 décembre 1966 à Dublin, Irlande catholique.
Depuis (ou presque) elle chante. Femme de tête (parlez-en à Jean-Paul II, qu’elle a déjà sévèrement engueulé!), voix de tête : ses nombreuses pérégrinations, ses nombreuses collaborations (de Prince à Peter Gabriel, des Chieftains à Massive Attack…) ont toujours été copieusement nourries par les profondes racines qui la relient à la terre d’Irlande, à ses légendes et à son peuple.


Même si je n’ai jamais eu l’occasion d’entendre Tonton Macoute, son premier groupe , même si « Nothing compares 2 U » (1990), son tube exceptionnel (reprise d'une chanson de Prince) s'enlace dans le registre du blues, son statut d’incontournable ambassadrice de la culture musicale irlandaise reste encore à ce jour bien assis et peu contesté.


On parle beaucoup - et à juste titre - du blues dans les origines du rock. On cite moins souvent ces chansons irlandaises importées par les immigrants qui y ont également été incorporées .
Folk and blues is rock’n’roll ! Sacrée recette, pas vrai ?


Mais je m’égare. Revenons à nos moutons qui paissaient dans les courants d’Eire (et d’Ulster, l’Irlande étant une île et les irlandais un peuple, nous traiterons logiquement l’ensemble comme l’entité qu’elle devrait être, unie, solidaire et indépendante).
Sinéad a eu envie de collecter sur un disque les émotions de son enfance : toute l’histoire d’un peuple qui s’est transmise de bouche à oreille par des chansons aux origines perdues, mais au cachet et à l’identité flagrants.


On l’avait déjà vue à l’œuvre en 1995 sur l’excellent album The Long Black Veil des Chieftains (Le groupe de musique traditionnelle irlandaise avait invité un tas de cadors – Sting, Mick Jagger, Marianne Faithfull, Tom Jones, Mark Knopfler…- à pousser la chansonnette) où elle interprétait magistralement deux morceaux, dont un The Foggy Dew à la mélodie calquée sur le Moorlough Shore ici présent.


Ces fameux vieux chants (Sean-Nos, en gaëlique), Sinéad a décidé d’en faire ses versions, avec sa petite patte d’artiste des années 2000. Sean-Nos Nua, pourrait donc se traduire par Nouveaux Vieux Chants ou un truc comme ça. Simplement, avec sa belle voix bien en avant, elle nous interprète 13 morceaux traditionnels, pleins d’amours contrariées, de soldats qui partent à la guerre et qui parfois en reviennent, de marins emportés par la mer, de femmes qui attendent, de famines, d’espoirs, de misères… Les mêmes thèmes ou à peu près que dans les chansons populaires du monde entier. Sauf que la musique irlandaise, par ses accords celtiques, sa personnalité propre, et sa finesse mélodique apporte une intensité dramatique et une charge émotionnelle supérieures et imparables.
C’est connu, c’est prouvé et inexplicable : cette musique a quelque chose de plus fort que les autres.
Entre les mains de quelqu’un qui a mis tout son cœur dedans, ça donne ce disque magnifique, plein de pureté, de magie, d’amour et d’authenticité.

RolandCaduf
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le 19 mai 2021

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