Rock d'ado ?

3ème album pour les canadiens qui réalise un disque rapide (39min) et direct, je vais donc tenter d'écrire une critique dans cette même veine.

Composé de simplement 10 titres, ce disque ne fait pas dans la finesse et offre un son rock assumé faisant la part belle à une violence maitrisé qui respire la réminiscence du grunge. On prend son pieds avec un côté vraiment énergique et clairement si vous voulez une bande-son pour un petit trajet en voiture, Silver Side Up fera votre bonheur. Car violence et bon goût sont relativement présent grâce à la voix de Chad Kroeger, le leader charismatique de Nickelback qui maîtrise parfaitement l'exercice et sait rendre sa voix accessible et plaisante. Comme tout l'album d'ailleurs qui séduit bien rapidement, notamment avec le trio de début : Never Again, How you remind me et Woke up this Morning. Le second fut évidemment le plus connu, devenant un tube pour toute une génération.
Pour autant, il n'y a pas à cracher sur le reste qui garde globalement la même patate, la même puissance et le même coté défoulant.
Malheureusement, c'est peut être là que le bas blesse. En effet, nous avons un disque dynamique et puissant, mais n'est il pas un peu simpliste en nous resservant à chaque piste la même sauce ? Globalement, chaque morceau est construit autour d'un riff de guitare qui mène la danse. Tous les passages n'ont d'autres buts que de conduire à ce riff et tous les instruments sont rajoutés par dessus. Seul le chant à le droit à un petit effort, parce que, faut pas dégommer le leader est trop beau pour ne pas être mis en avant (achetez les filles, achetez !). Là où c'est énervant c'est de voir le peu d'utilité de tous les autres instruments. La basse et la batterie offre un jeu stéréotypé au possible, ringard, et aussi vivant qu'une session de Guitar Hero premier du nom. Quant à la seconde guitare, à pas grossir le son, son utilité est souvent limité.
Ca respire la composition autour d'un seul et unique membre avec à chaque fois "hey les gars, devinez quoi, j'ai trouvé un riff trop cool, on fait un morceau autour ?".
Cette approche est digne de kids de 15 ans qui débute tout juste. Plus que du rock pour ado, Nickelback fait du rock d'ado. Alors, certes, c'est efficace, mais tout simplement parce que le son est bien et que ça envoie la patate. Mais derrière, on a quand même l'impression que les mecs ont un gros poil dans la main. Je ne dis pas qu'il faut des riffs complexes, mais simplement qu'il est peut être plus intéressant de réfléchir la musique dans sa globalité et non du point de vue d'un thème joué par un instrument qui sera ultra mis en avant ?
La même année sortait Mutter de Rammstein, le troisième album également de ce groupe. Là encore, le groupe a un succès grand public. Alors la comparaison est bien mauvaise certes, mais dans les deux cas on a pas des riffs très élaborés. Pourtant, dans le cas de Rammstein ça semble justifier par une volonté de mettre en avant non un instrument mais l'ensemble du morceau, de voir ça comme un tout et de réfléchir à l'ambiance globale. Ce profond manque de maturité musicale est choquante chez Nickelback.
On peut même s'interroger sur la volonté du groupe, car en effet, on parle là d'un troisième album, pas d'un premier mal maîtrisé ou d'un second hésitant, non, le troisième ! le groupe aurait pu se permettre de prendre des risques, ou au moins de créer des compositions plus variées (plus calmes au hasard) et non, à la place on nous balance tout dans la face avec une conception guère plus évolué que ce que ferait des lycéens.

Certes, l'album remplit sa tache : il défoule, il est même plaisant. Mais c'est quand même un peu une escroquerie qui respire le peu d'intérêt que Nickelback a pour la musique. C'est dire aux jeunes "regardez, faite pareille, vous serez des stars", ça montre aussi une incapacité à évoluer ou à créer un minimum.
Je met 6 parce que cet album est quand même cool, que je peux l'écouter plusieurs fois sans me lasser et c'est déjà énorme ça, mais je regrette vraiment de voir en cet album un disque de môme qui ont du pognon.

(Oui je sais, ça a pas été si court que ça comme critique, désolé)