Simulation Theory
5.1
Simulation Theory

Album de Muse (2018)

Je rappelle que ce que j'écris en dessous n'est que mon avis. Il vaut tout autant que le vôtre.


Un moyen souvent fiable de voir si un morceau est original est d'essayer de le définir par d'autres morceaux. Or, lorsqu'on arrive à clairement identifier, à l'intérieur, d'autres chansons, ça sent le roussi. Il n'y a aucune part de de mystère restant. On peut donc l'englober avec tout ce qui a déjà été fait.


C'est exactement ce qu'on peut remarquer pour cet album. Faites l'expérience.
Commençons par Algorithm : Un morceau d'ouverture qui peine à démarrer, presque trop long et dont les pianos rappellent franchement du Rachmaninov, les synthétiseurs rétros évoquent n'importe quel film qui parlerait de simulation ou de monde virtuel. Et dans son atmosphère générale, on a un morceau "Take a bowesque", Du déjà-vu donc...
On enchaine ensuite sur The Dark Side, morceau archi-classique pour du Muse. On peut reconnaitre une évolution dans les gammes semblables à Space Dementia et un Refrain typique de Bliss. Il n'y a qu'à voir la version "Alternative" pour s'en convaincre. Si beaucoup de fans annonçaient adorer ce morceau, je pense — Ce n'est que mon opinion — que ce morceau relève du fan-service.
Seul Pressure parvient à relever un poil l'album avec un riff un peu rafraichissant bien que peu recherché. On a enfin quelque chose qui diffère du Muse traditionnel et qu'on a un peu plus de mal à cerner. Juste décevant que le solo de guitare soit en fait le riff principal du morceau ...


À partir de là, Muse se perd sur plusieurs morceaux, bien qu'on ressent une volonté de faire autre chose. Passé le fou rire provoqué par le début de Propaganda, on découvre un morceau assez plat entre le RNB, et du Rage against The Machine. Le solo notamment ressemble à ce que fait Tom Morello dans divers albums. Pour Break It to me, on est un peu dans la même situation, avec un solo qui est typique du guitariste de RATM, même si le refrain est pas mal du tout en terme de sonorités. Le problème de ces deux morceaux est que si Muse a tenté quelque chose, ils s'inspirent cruellement de choses déjà existantes. Il manque une particularité de Muse. Par exemple, si on reprend le génial United States of Eurasia, Queen a clairement été une source d'inspiration, mais le choix des sons et les parties assez orientales et orchestrales rendaient le morceau unique.


Pour Something Human, c'est une autre paire de manches, on a quelque chose de très pop, qui fait très Road-trip. Une musique pour radio dans une voiture (Regardez le clip et les lyrics...). Mais au moins, je trouve la version acoustique clairement meilleure. Avait-on alors vraiment besoin de ces sons électro? Un morceau épuré aurait sûrement fait l'affaire...
En ce qui concerne Fury 2.0, ou Thought Contagion, on a un morceau très simple : Un riff avec des montées chromatiques, un son typique d'Imagine Dragons, et un solo qui fait exactement le motif de la voix. Circulez, y a rien à voir donc...


Passons à Get Up and Fight : Le morceau surprend beaucoup par ces voix planantes, mais très franchement, pourquoi pas? Les couplets sont simples, assez efficaces mais pour le refrain, c'est un non. Pour un groupe qui a plus de 20 ans d'expérience, faire un refrain aussi cheesy et mielleux c'est presque insultant pour son public. D'autant qu'il y a un problème dans le refrain même : On a un quelque chose qui se veut être du punk, mais avec des cymbales électroniques? Ça se marie décidément mal. Par contre, chapeau bas pour la montée de 3 secondes vers 3:10. C'est soudain et ça redonne un peu de vie à un morceau hyper aseptisé.


Pour Blockades, le début rappelle énormément de morceaux — Ex : Introduction de Exist d'Avenged Sevenfold. C'est sûrement dû au choix du synthétiseur — Très classique. Pour le reste du morceau, on a un mix de Muse. Vous aimez les synthés typiques de Black Holes and Revelations? En voici. Vous appréciez les sonorités et les accords un peu sombres à la Absolution? En voilà. L'impression qui en ressort et qui résume bien l'album, c'est qu'on a une parodie de Muse. Muse qui s'inspire de Muse (et d'autres). Tout devient assez prévisible, et on a parfois même le sentiment de savoir exactement ce qui va se produire. Puis on se dit "Ah, voilà ! Je le sentais venir".


Ai-je vraiment besoin de parler de Dig Down? Un mélange vide entre du Georges Michael (Voir : Freedom! '90 méchamment plagié sur les refrains), et Madness de The 2nd Law. Au moins, le morceau est sauvé par sa version Gospel.
Enfin, pour The Void, c'est une fin correcte, mais assez classique (La faute je pense aux choix des instruments : synthétiseurs à outrance et encore de la batterie électronique). Bon, au moins, la voix de Bellamy ressort bien dans les graves. La fin au piano accentue le tout, mais j'avoue être resté sur ma faim.


Donc dans l'ensemble, cet album est une parodie d'un album de Muse. Mais justement, c'est une mauvaise parodie, qui se prend au sérieux. Les lyrics sont pseudo-sombres (Du style, regardez comme on est sombre, rebelle et méchant!) — On avait déjà ressenti cela sur Drones. La subtilité n'est pas au rendez-vous, et la musique semble être un collage maladroit de pleins de choses déjà entendues, aussi bien à cause des trop nombreux instruments électroniques, que des riffs et mélodies utilisées.

MatthieuHayres
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le 8 nov. 2018

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Matthieu Hayres

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