Ah les années 90. Qu’est-ce qu’elles auraient pu être géniales si : Elles avaient pu dépasser la funk de James Brown, (échec). Trouver une alternative à la dance-pop, (re-échec). Relancer le star system arrivé à son apogée avec MJ, Madonna, Prince…(semi-échec). Faire un mix qui tienne la route: New-Jack-swing-Hip Hop-Soul-Rock-World…(échec en cours), pas facile tout ça.
Les années 90 ressemblent à un collage. Et Prince et son New Power Generation, fonctionnent comme un orchestre de démonstration, pour magasin de musique grandeur nature. My Name Is Prince (mégalo), Sexy MF (sexy). Sexy et swinguant. Peu de morceaux de l’album arriveront à renouveler l’exploit. Après, cela se joue entre variété pur luxe, et expérimentation rythmique. Love 2 The 90’s, le son est pro, et les arrangements précis jusqu’au bout des ongles, rien à redire. Le story telling remplace le chant. Le Hip Hop frappe à la porte. Scratch, MC, ambiance festive, couleurs urbaines. Du bon travail de studio, mais les morceaux on va les oublier vite, car les mélodies ne sont pas épaisses. Par contre les arrangements, c’est du lourd.
Prince s’amuse à nous faire un reggae princier : Blue Light, puis un slow classique : Sweet Baby. Il en a composé des milliers comme celui-là.
Par contre c’est frustrant quand les chœurs sont aussi bons, les timbres aussi variés, l’instrumentation aussi brillante, mais que les chansons ne marquent pas plus que ça. Un éclectisme musical qui cache à peine le principe qui préside: La musicalité. Pas le tube, pas le hit, mais le dance floor, et la fiesta avec les copains. Un slow, puis un New jack. Le jour, puis la nuit. C’est la recette miracle, qui est censée ne pas nous endormir, mais qui va nous bercer quand même. The continental, remuez les reins, tapez des pieds. The Max. The Flow. Ça fait systématique, et rigide.
7 renoue avec l’inspiration, et la lumineuse simplicité du Prince qu’on a appris à aimer. « …with the intellect, and the savoir-faire » il le dit lui-même, pourquoi en douter ? On renoue même avec le son vintage des débuts. Plus pop, plus Prince ? Décontraction communicative, c’est sûr. 7. And God Created Women, soul de classe, encore un, son vintage, un groove sûr de chez sûr. Comme pour nous rassurer, il est toujours là. Il sait toujours tout faire. Mais il gagnerait à faire plus de choix, et moins de démonstration. Album avec trop de titres, comme souvent chez lui. Il n’arrive pas à faire de sacrifices. Il y gagnerait pourtant. Ça serait moins de virtuosité gaspillée. Mais on est Prince, ou on ne l’est pas. My name is… comme il le dit lui-même dès le départ.
Et enfin, une relecture maligne du Bohemian Rhapsody de Queen: 3 Chains Of Gold. Opera rock, soul, NewSwing, manque plus que le morceau rock, pour compléter le tableau du parfait album de studio, du parfait bon élève. Star incontestée mais insaisissable. « Mon nom est Prince. Je suis le meilleur, mais je ne veux pas être roi. Par contre, je vais vous raconter mon histoire. »