Yellow Magic Orchestra.
Groupe surtout connu pour avoir comme leader Ryuichi Sakamoto, fameux pianiste et compositeur de bandes sons telle que celle de Furyo.
YMO, c'est avant tout un groupe de musique électronique japonais. Composé de Sakamoto aux claviers, arrangements et chant, Yukihiro Takahashi a la batterie, a la programmation et au chant ainsi qu'Haruomi "Harry" Hosono a la basse, au chant et a la production. Ces trois japonais composent donc LE groupe novateur oriental dans la transition 1970/1980.


Après deux albums assez colorés, joyeux et un peu outrancier; Yellow Magic Orchestra et Solid State Survivor, YMO s'embarque pour le marché américain avec X8Multiplies, une demi-compilation (face a présentant les meilleurs morceaux des deux premiers albums et face b présentant des morceaux de sketches et quatre nouveaux morceaux) sortie en 1980 sur le marché occidental. Début 1981, YMO rempile avec un nouvel album, BGM qui présente un son plus sérieux et moins joyeux. J'en parlerais plus longuement dans une prochaine chronique.
Après la sortie de BGM, le groupe continue de composer. Ils ont accès aux toutes dernières technologies en avant première, dont la boite à rythme Roland TR808 (premier modèle sorti en fin 1980, YMO l'inaugure sur scène afin de jouer "Thousand Knives" à la fin de leur tournée mondiale), mais aussi les tous nouveaux séquenceurs Fairlight CMI et un LMD-649, un séquenceur construit artisanalement par un ingénieur de Toshiba pour le groupe. Cette profusion de technologie (qu'on entends déjà un peu sur l'album précédent) va directement influer sur la structure même des morceaux, basés quasiment tous sur le sampling. Au programme, samples de percussions, de voix asiatiques, de radios et de machines industrielles, ce deux ans avant Depeche Mode.


L'album démarre d'ailleurs sur une boucle de voix chantée a capella et en anglais, puis embraye sur une chanson synthpop évoquant tantôt Gary Numan, tantôt Kraftwerk, le tout sur motifs rythmiques propre au Japon. Après ce "Pure Jam" introductif vient l'une des pistes les plus expérimentales de l'album, "Neue Tanz". Le nom évoque plutôt ici Einsturzende Neubauten, avec leur "Tanz Debil" (figurant sur l'album Kollaps sorti un peu plus tôt la même année). Le morceau est un collage de rythmiques, de percussions, de boucles de basse et de samples vocaux dans une vision plutôt dadaÏste (les "tchatchatcha" préfigurant les "boing boom tschak" des robots germaniques). "Stairs", reste dans le sample, mais avec une chanson beaucoup plus abordable pour le non-initié. "Seoul Music" se construit sur une ballade orientale basée sur une rythmique de sample vocaux et de cloches/gongs asiatiques, avant l'arrivée de la voix de Sakamoto chantant la Corée du Nord. "Light In Darkness" sert ici de transition vers la face B. Beaucoup plus lent et très cinématographique, le morceau évoque entre-autres la musique d'animé de Joe Hisaishi.
La face B démarre sur le single de l'album, "Taiso" (qui signifie Gymnastique). Avec son gimmick de piano accompagné d'une basse sautillante, on imagine très bien le cours d'aérobic télévisé. Lors de la (courte) tournée "Winter In Japan" censée supporter les ventes des albums BGM et Technodelic, le morceau était accompagnée d'une chorégraphie de gym. "Gradated Grey", le morceau suivant baisse un peu la cadence avec une chanson toujours autant accompagnée de samples, afin de préparer l'auditeur a une "claque" finale, avec "Key". Morceau le plus "upbeat" de l'album, "Key" est une chanson technopop évoquant ce que YMO a pu faire de mieux dans le passé. Le morceau est emmené par un rythme quasi-industriel enveloppée dans des mélodies légères.
L'album se termine par le diptyque "Prologue/Epilogue", avec pour même leitmotiv des samples de machines accompagnées de douces mélodies rêveuses évoquant une fois de plus le cinéma.


Technodelic se résume par un mot : sampling. YMO met de côté le côté trippant et joyeux de sa musique pour se concentrer sur l'expérimentation sonore pop. A la même époque que le duo Brian Eno/David Byrne, nos trois compères innovent aussi de leur côté en inscrivant l'usage du sample dans la musique pop. Malheureusement pour eux, cet album ne s'est pas inscrit aussi bien dans les mémoires que les deux premiers alors qu'il est autant novateur et agréable a écouter. Il possède au moins un avantage : avec l'usage de sampling et de mélodies pas trop kitsch, cet album de YMO a beaucoup mieux vieilli que les deux premiers. Il est néanmoins vrai que l'expérimentation ne peut pas plaire a tout le monde. Alors gardez juste a l'esprit que Technodelic représente la partie la plus expérimentale de Yellow Magic Orchestra.
Domo Arigato.

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le 31 mai 2015

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