Ulver est un groupe assez particulier. Tout comme Boris, Ulver est un véritable caméléon qui change de forme à chaque album. La différence majeure avec Boris, cependant, c'est qu'Ulver change souvent radicalement de style d'un album à l'autre tandis que Boris reste quasiment tout le temps dans le domaine du Metal. Ce qui est bien avec ces deux groupes, c'est qu'ils le font de façon très compétente. Ce 'gimmick' de changement avec Ulver est né dès le second album du groupe, Kveldssanger, qui avait un côté Pagan Folk assez extraordinaire alors que Bergtatt était décidément Black Metal. Ah, Kveldssanger, cet album qui vous transporte dans les forêts de Norvège au coin du feu avec vos compagnons de bataille et des loups qui hurlent au loin... Nattens Madrigal, sorti un an plus tard, était un retour au Black Metal mais de façon bien plus sauvage et bourrine (et bien moins bonne, mais c'est mon avis).


Là où Ulver a opéré un véritable changement, c'est à la fin des années 90 avec la sortie de l'incroyable Themes From William Blake's The Marriage of Heaven and Hell, une transposition des très beaux poèmes de William Blake en chansons, ayant toutes un style plus ou moins différent. Cet album reste à ce jour mon préféré du groupe, c'est un véritable bijou. Ulver a par la suite joué du Trip-Hop/EDM à l'ambiance jazzy, presque Cyberpunk avec Metamorphosis et Perdition City, des ballades sombres et sobres avec Shadows of the Sun, ou encore du néo-classique qui déboîte avec Messe I.X - VI. X. En réalité, l'album se rapprochant le plus de The Assassination of Julius Caesar est Wars of the Roses, sorti quelques années plus tôt.


The Assassination of Julius Caesar est un album de Synthpop/Post-Punk franchement épatant, et à vrai dire je ne m'attendais pas à ce qu'Ulver emprunte pleinement ce chemin, au vu de la réception assez partagée de Wars of the Roses. La production est assez bluffante, ça pète et ça envoie. Les sonorités et les thèmes rappellent fortement Depeche Mode, en particulier Black Celebration. L'excellent opener Nemoralia me rappelle beaucoup New Dress en plus sinistre. Cette piste indique véritablement le son de l'album, avec de superbes percussions et un refrain super catchy. Il y a également des sonorités qui rappellent entre autres Tears For Fears ou encore plus récemment Friendly Fires ; Southern Gothic ressemble pas mal à ce qu'on peut entendre sur leur album Pala par exemple, avec un tempo rapide, un chant haut, des synthés assez retro et dansants et des percus électroniques en background. Southern Gothic est par ailleurs la piste la plus dansante et rapide du lot. Transverberation est un peu dans la même veine d'ailleurs.


So Falls The World est une très belle piste avec un leitmotiv sans espoir, le tout accompagné par un piano sinistre. Le plus intéressant avec cette piste, ce sont les deux dernières minutes complètement folles semblant sorties des compositions tracker d'Alexander Brandon. Rolling Stone est sans doute la composition la plus expérimentale du lot, s'étalant sur presque 10 minutes avec quelques petits passages qui me font penser à la fois à Blood Inside et à Music For The Masses de Depeche Mode, notamment avec ces synthés omniprésents. Les percussions tribales me rappellent aussi un peu Atrocity Exhibition de Joy Division. Garm chante ici en chœur avec Sisi Sumbundu ; le chant est vraiment magnifique et laisse petit à petit place à une cacophonie électronique du meilleur effet. 1969 opère un retour du chant partagé masculin/féminin, toujours avec la même chanteuse, pour une composition plus intimiste est vraiment belle.


Angelus Novus et Coming Home sont les pistes les plus sobres de l'album, similaires aux ballades de Martin Gore si on continue dans la comparaison avec Depeche Mode. Angelus Novus a une ouverture de synthé du meilleur effet avant de fondre sur une piste particulièrement sinistre. Coming Home qui est semblable dans l'approche à Stone Angels sur Wars of the Roses en beaucoup mieux et beaucoup moins chiante surtout, est une bonne piste de fermeture.


Bref, ça bute. The Assassination of Julius Caesar est un excellent album que tout amateur de Synthpop doit écouter. Il s'agit sans doute du meilleur depuis Cherish The Light Years de Cold Cave, et c'est assez dingue que ce soit Ulver qui le signe ! J'aurais toutefois aimé une ou deux pistes supplémentaires, car l'album est tellement bon et tellement maîtrisé que j'en reste sur ma faim.


Wolves evolve.

skacky
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le 9 avr. 2017

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skacky

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