The Dark Side of the Moon est sans doute l'un des disques les plus célèbres du monde, et à juste raison. S'il commence et s'achève par un battement de cœur, c'est que les thèmes traités sont universels. De la routine suggérée dans « Breathe » à la folie de « Brain Damage » en passant par le consumérisme dépeint dans l'entraînante « Money », on se régale des paroles qui tendent vers une profonde humanité. Le final « Eclipse » est rien moins qu’une synthèse sur la totalité du vécu.


Sa cohérence d’album-concept est irréprochable, du point de vue de la signification comme de la structure d’ensemble. Les morceaux s'enchaînent si naturellement qu'on ne remarque pas toujours les transitions. Le style est assez unique non seulement pour le groupe mais aussi pour le rock progressif. Certains détails contribuent à sa singularité, comme les nombreux bruitages (carillons, moteurs, caisse enregistreuse...) et les bouts de phrase entendus régulièrement. Le groupe a demandé aux gens autour d’eux de dire ce qui leur passait par la tête pour les enregistrer (pour la petite histoire, Paul et Linda McCartney ont été recalés : ils voulaient « trop » être drôles).


Chaque morceau a sa propre coloration. « On the Run » est une expérimentation électronique, « Us and Them » plane de façon tranquille, « Any Colour You Like » prend des teintes psychédéliques, « The Great Gig in the Sky » est basé sur une magnifique partition de piano et sur la performance vocale exceptionnelle de la chanteuse Clare Torry… « Time », avec ses percussions d’une beauté stupéfiante et l’un des meilleurs solos de David Gimour, est peut-être le morceau le plus « progressif » de l’album et parvient admirablement à refléter le caractère tragique lié au temps qui passe.


Ajoutez à cela une qualité sonore qui fait de The Dark Side of the Moon le matériau idéal pour tester une chaîne Hi-Fi, et vous tenez l’album parfait à tout point de vue. MAIS… Paradoxalement, c’est peut-être cette perfection très visible qui le rend finalement… imparfait. Il lui manque encore le supplément de grâce d’un Wish You Were Here ou le grain de folie d’un Animals pour se hisser au niveau de ces deux albums. Tout paraît très maîtrisé y compris les passages les plus bordéliques, ce qui ne le rend finalement pas si oxygénant qu’il en a l’air au premier abord. Ce n’est donc pas forcément l’aboutissement ultime de Pink Floyd, mais plutôt son incarnation.

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le 18 mai 2020

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