The Disintegration Loops par Waltari

C’est en tentant de sauver sur support numérique de vieilles bandes magnétiques que Basinski en est arrivé à ce résultat. Les enregistrements se désagrégeant au fur et à mesure ne deviennent plus que les fantômes d’eux-mêmes.

Les boucles, ambient et minimalistes, sont déjà empreintes d’une douceur et d’une beauté déstabilisante, mais si la musique de Basinski prend toute la puissance émotionnelle qu’elle a, c’est dans le rapport au temps qu’elle a acquis par son processus et qu’elle nous transmet. Mais dans son rapport à quel temps ? A un temps écoulé ? Au temps de ce qui a été, mais qui n’est plus ? Au temps de ce qui est éphémère ? Au temps d’une vie ? Au temps de la vie ? A tout ce qui passe en fait, pourrait-on dire.

C’est le cinéma qui est habituellement compris comme l’art de sceller le temps, celui-ci se rapportant quasiment toujours à une réalité concrète du mouvement, à une image du monde réel. La musique, si elle n’est pas dans une forme qui se rapporte explicitement à quelque chose de concret, se déroule dans le temps, mais ne le scelle pas. Là où se trouve justement la force principale de The Disintegration Loops, c’est dans le fait que ce temps scellé soit perçu à travers la musique par des motifs sonores abstraits. Celle-ci n’en devient alors que plus fragile, plus mystérieuse, plus envoûtante, car elle entretient un lien avec le monde réel, mais un lien ténu, juste assez pour nous ramener à des idées de vie, de mort, de temps et pour porter tout ce qui fait que ces idées resteront toujours incalculables à nos esprits tout en étant inhérentes à nos existences, et donc fondamentalement humaines et enivrantes.