The Endless River
5.7
The Endless River

Album de Pink Floyd (2014)

Au risque de me démarquer (une fois n’est pas coutume), je me vois bien obligé, par honnêteté pour moi-même (car vous, je m’en fous un peu pour tout dire), d’avouer que j’ai beaucoup attendu et beaucoup aimé cet album. Allez-y donc, traitez moi d’ignare musical, d’analphabète de la note, je m’en fous. Je ne vais pas tenter de me faire passer pour ce que je ne suis pas (un « musicos »), c’est vrai que je suis musico-dépendant (j’écoute de tout, des heures chaque jour), que j’aimerais savoir jouer d’un instrument (violon ou piano), mais j’ai une flemme monumentale qui fait que mes doigts ne répondent plus dès qu’ils comprennent que j’aimerais les emmerder, des heures durant, avec un archet ou des touches.

J’ai aimé cet album parce-que j’y ai retrouvé la carrière de Pink Floyd (c'est vrai qu'il sonne souvent comme Wish You Were Here), parce-qu’il m’a collé une grosse crise nostalgique de mes années de fac, ou tout était tellement facile, quand ton corps répondait à tous tes ordres et que ton cerveau bouillonnait à temps complet. Aujourd’hui les rouages se grippent, mais pas mon envie de musique. Ne prenez pas cet album comme un revival, comme un virage musical, si vous attendiez du neuf ou une révolution, c’est que vous êtes des couillons ! Mais enfin, voilà un groupe moribond, n’ayant rien joué depuis vingt ans, se contentant de concerts de jubilés royaux et qui vient nous proposer quelques nouveaux morceaux pour la fin de leur route. Ils ont été honnêtes les deux survivants, ils ont tout de suite annoncé qu’il s’agissait de chutes réarrangées. Si, sur ces bases, vous attendiez un nouveau Wish You Where Here pardonnez-moi, mais je vais me payer votre tête ! Prenez cet album comme un bilan de carrière, une validation des acquis de l'expérience, ça ne prétend à rien d'autre: se retourner et, en un album, voir ce qu'on a réussi, ce qu'on a raté et mettre dans quelques morceaux, l'amour qu'on a eu pour ceux qui sont parti (R.I.P. Syd et Richard) et qu'on a peut-être encore pour ceux qui restent: nous, le public et les membres survivants. Une manière de dire que c'était chouette...

Et puis j’ai plané, j’affirme sans honte beaucoup aimer, aussi, la période post-Waters, je dirais même qu’il y a quelques tics qui me gavent chez le Floyd des débuts. Par exemple faire chanter un chien m’a fait rire à la première écoute et m’a bien gavé par la suite. C’est lourd à écouter et artistiquement vain. J’imagine même les quatre génies, avec quatre grammes dans chaque bras, en train de faire chanter le cabot, bourré lui aussi et qui se poilent à l’idée de vendre la « chanson ». Bref, tout ça pour dire que j’aime beaucoup A Momentary Lapse Of Reason, The Division Bell et donc The Endless River, que je chérirai à tout jamais comme celui qui restera le dernier d’une carrière inégalable, j’y retrouverai toujours ce sens mélodique de Gilmour, cette guitare pleine de sentiments. C’est vrai que la créativité s’est éloignée avec le temps, mais pas la qualité ni la sincérité artistique. The Endless River, dernier écho d’une voix musicale qui résonnera dans l’éternité des générations à venir mais en attendant, je vais verser ma larmichette sur le mot "fin" qu'ils viennent d'apposer avec cet album...
Jambalaya
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le 14 nov. 2014

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