Inutile de le nier, je suis accro. Je suis drogué. The Lord of the Rings OST est ma drogue, The Fellowship of the Rings représente les prémices de ma decadence. Et j’ai besoin d’exorciser.

Tout commence toujours avec une prophétie. Froide, implacable, elle m’annonce que je vais sombrer une fois de plus. Il est alors déjà trop tard. Dès le début, je suis perdu, et je le sais. Mon sang se réchauffe, la drogue circule doucement dans mes veines, inarrêtable.

Alors je plane. Je me retrouve en plein Hobbitbourg, à fumer de l’herbe pipe au milieu d’un champ. Ce qui n’assainit pas mon sang vous en conviendrez. Je flotte, porté par de douces mélodies, une joie de vivre certaine s’emparant de mon corps. J’ai envie de courir dans les champs, de boire une bonne pinte de bière chez Rosie et de cultiver mes pommes de terre.

Mais soudain, alors qu’une certaine plénitude m’envahit, une ombre survole mon corps et mon esprit. L’ombre du Passé, menace parfaitement perceptible, parfaitement compréhensible. Ca y est, la rechute est entamée. Je sombre, encore une fois. A nouveau je chute dans les ténèbres.

Malgré cela, je ne peux m’empêcher de me laisser porter, une nouvelle douce mélodie endormant mes sens… Et alors que je plane à nouveau, la perfidie et la traîtrise s’installent. Cette plénitude n’est rien, je suis toujours autant prisonnier et j’en suis conscient. J’aimerais me libérer. Mais je ne peux pas. Isengard me domine de toute sa puissance. Le syndrome de Stockholm prend forme.

Mais ma schizophrénie n’a aucune limite. Alors ça y est, sous l’emprise d’une nouvelle dose je me projette de nouveau dans les vertes contrés adjacentes à la Comté… Mais, encore une fois, je suis trompé. La drogue progresse. A chaque mélodie je lève mes défenses, et elle en profite pour progresser. The Black Rider est là. Je suis terrifié, mais surtout fasciné, incapable de fuir. A cet instant, la drogue me consume.

Arrivé à l’auberge du Poney Fringant, l’ambiance s’épaissit. La drogue est en moi, la crise peut frapper à nouveau, n’importe quand. Et elle frappe. Les chœurs me transpercent une nouvelle fois, mon sang contaminé se gèle. Peu importe où je me trouve alors, je suis en réalité ailleurs, entouré de ténèbres et de beauté. Je ne suis déjà plus là.

Et là, une lumière, un espoir. Glîn. La marée tourne et la drogue se retire, comme toujours. Alors je savoure, je me repose et je me mets à rêver, à espérer que tout cela sera bientôt fini. Même si je ne veux pas que ça se termine, oh que non. Bercé par la sublime voix elfique qui résonne dans mon esprit, je m’endors, en paix. La plénitude est de nouveau là. A si i-Dhúath ú-orthor, the Shadow does not hold sway yet.

Mais il est temps de combattre cette Ombre, cette drogue qui me met à genoux. Alors je prends la direction du Sud, et elle me suit, me talonne. Mais le Sud est dangereux. J’atteins alors le point culminant de cette première partie de rechute addictive : un voyage dans le noir, une tombe, un pont, une tragédie. Rien ne peut alors décrire la sensation qui m’envahit. L’effet de la drogue atteint son paroxysme. Je vois des flammes, de l’ombre, de la pierre. Je ne discerne plus ce qu’il y a autour de moi. Le monde réel n’est plus qu’un souvenir.

Après cette nouvelle intensité destructrice, je me laisse aller, encore une fois… Mais la fin approche. La fin du début, du moins. Je suis alors sur les collines d’Amon Hen, épée à la main, au milieu des feuilles mortes et des roches. Le délire est de plus en plus prégnant. Je suis ailleurs, et je le sais, mais je m’en fous. Je ne vis plus que pour cette quête qui n’est pas la mienne. Tadadaaaaaaaaaaaaaa Daada, Da.

Mais toutes les bonnes choses ont une fin. Alors que la drogue se dissipe, mes nerfs lâchent, je me mets à trembler, à m’effondrer. The Breaking of the Fellowship me déchire. A l’image d’une fin de soirée dans les étoiles, je ne suis plus rien. Je n’existe plus en tant que tel. La drogue part, mais je suis ailleurs pour la journée. La force de la substance m’a lessivé. Le réveil sera difficile, la gueule de bois terrible. Mais cette épopée ne le vaut-elle pas ?

A l’image de l’anneau unique, Howard Shore crée ici une drogue puissamment épique, mélodieuse et magnifiquement sombre qui, de par sa volonté propre, fait qu’on y revient inlassablement. J’arrêterais bien, mais je ne peux pas. Je ne veux pas. En avant pour la dose suivante. Allons chasser de l’orque !
VGM
10
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Top OST de Films notées sur Senscritique et Les meilleures bandes originales de films (albums BO/OST)

Créée

le 25 oct. 2013

Critique lue 1K fois

7 j'aime

8 commentaires

VGM

Écrit par

Critique lue 1K fois

7
8

D'autres avis sur The Lord of the Rings: The Fellowship of the Ring: Original Motion Picture Soundtrack (OST)

Du même critique

Rayman Legends
VGM
9

La meilleure déception de l’année

Mon attente sur Rayman Legends a soufflé le chaud et le froid. D’abord ébloui par un premier trailer leaké, puis refroidi par des annonces marketing totalement illogiques sur l’exclusivité Wii U,...

Par

le 4 sept. 2013

68 j'aime

19

Le Meilleur des mondes
VGM
6

Pas la meilleure des lectures

J'ai tellement de livres à lire, et tellement de classiques à emprunter à droite à gauche que je suis rentré depuis maintenant un bout de temps dans une phase où je n'achète presque plus de livres,...

Par

le 3 févr. 2015

61 j'aime

16