Pour tout te dire quand Emergency on Planet Earth a déboulé dans mes esgourdes passablement ensablées par les litrons de Métal en fusion dont les pauvres étaient abreuvées, ce fut un grand bol d'air frais qui vint rafraîchir ma tronche duveteuse et acnéique.
1993. J'avais les tifs sur les épaules, un perf' ridicule et une binouze dans la pogne. Je trimbalais ma virginité forcé au son de la voix de crécelle de Dave Mustaine, roulant mes bédos dans la rue en écoutant sur mon Walkman à cassettes le monumental Lights... Camera... Revolution! de Suicidal Tendencies. Rien en effet ne laissait présager mon soudain engouement pour cette Funk solaire, décontract' et écologique.
Les succès qu'ont été When you gonna learn? et Too young to die sont venus illuminer le pourtant déjà bien ensoleillé été 93 et permis à quelques chevelus passablement imbibés de découvrir une autre façon de faire de la musique.
En effet le premier album de Jamiroquai fut le soleil de ce sublime été 1993, le soleil au milieu de ces ténèbres métalliques, de cet obscurantisme Thrash.
Un joli verre de mojito bien glacé au milieu de ce pack de 8/6 tiédasse. Un premier album surprise qui avait ouvert en moi des horizons insoupçonnés.
Alors quand à peine un an après le vivifiant Emergency on Planet Earth sort dans les bacs l'enigmatique The Return Of The Space Cowboy mon sang et mon taux d'alcool ne firent qu'un tour.


Depuis quelques années dèjà la hype Londonienne et les clubs branchés ne jurait que par l’acid-Jazz. Mélange de Soul, de Funk, de Disco et de Hip-Hop lancé par Gilles Peterson et son label Talkin’ Loud. Des groupes comme Incognito, Galliano ou les Brand New Heavies ( dont Jay échouera à l'audition pour devenir chanteur du groupe) faisaient les belles heures des nuits Londoniennes en faisant danser sur des sons néo-Funk la jeunesse à dents jaunes de la capitale Rosbeef.
Un groupe a particulièrement tiré son épingle du jeu: Jamiroquai.
Mix improbable entre "Jam" (Terme Ricain pour l'improvisation musicale) et " iroquai" (référence roots et écolo à la tribu des Iroquois), les Anglais déboule sur la très branchée scène Acid Jazz et viennent en découdre - prendre sa revanche pour Kay - avec les collègues.
Le Band a une arme imparable pour percer: La crème des ziquos made in Britain ( notamment un bassiste monumental et complètement allumé: un certain Stuart Zender) et un chanteur charismatique oscillant vocalement entre Stevie Wonder et Sly Stone, doublé d'un talent de danseur à nul autre pareil.
En route pour le succès !



  1. The Return Of The Space Cowboy. Deuxième album de Jamiroquai. Et quel PUTAIN d'album !
    Dans la lancée du premier Jay Kay et sa bande rebranchent les instrus et repartent en croisade imposer l'Acid-Jazz chez les - encore - nombreux hérétiques.
    Le groupe se stabilise également et monte une formule qui ne bougera - presque - plus. Toby Smith aux claviers et Stuart Zender à la basse sont toujours là, tandis que Simon Katz à la guitare et le magnifique Derrick McKenzie à la batterie font leur entrée.
    Si le premier opus jouait sur la fibre "Bobo-Ecolo" (On connait la passion de Jay pour les grosses cylindrées) et sur un certain retour aux racines avec la redécouverte du didgeridoo, le deuxième, lui, laisse tomber les messages un tantinet moralisateurs et se concentre sur la musique, uniquement la musique... Et quelle musique !
    soixante-dix minutes comme en apesanteur sur un genre des plus casse-gueule.
    C'est le monumental Just Another Story et ses presque neuf minutes qui ouvre l'album. Sommet de ce que pouvait être l'Acid-Jazz tout en en explosant le cadre. Cuivres bouillants, guitare virtuose, basse en feu et autres flûte traversière en liberté ( qui n'est pas le titre du prochain Rocco Siffredi) viennent allumer l'étincelle d'un disque phare - le meilleur du groupe - et d'un genre.
    Mais Jay et sa bande décide d'enrichir encore un matériau dèjà bien garni en incorporant de magnifiques touches de Latin-Jazz avec la caressante Stillness In Time ou la douce Half The Man.
    C'est ensuite Stuart Zender et sa quatre-cordes maléfique qui vient réveiller l'auditeur tranquillement lové dans ce Jazz aux courbes rebondies, avec un gros Funk qui tâche plein de slaps et de technique avec Mr Moon ou la sauvage The Kids.
    Le Hip-Hop vient également taper au carreau pour être de la fête et s'incruste magnifiquement au beau milieu de cette teuf Jazzy sur la spectaculaire Light Years.
    Un jam d'Indiens. Un jam sauvage. Un jam d'Iroquois qui vient se terminer en douceur sur l'ode bienveillante à la Ganja. Une sucrerie cannabique pleine de groove.
    Une basse en apesanteur, un léger "Flanger" sur le charley de Derrick McKenzie et on se retrouve à deux mille lieues au dessus du plancher des vaches avec le Space Cowboy main dans la main et les yeux putain d'rouges.


Jamiroquai livre un diamant, un bijou étincelant, rutilant, mais d'une finesse d'exécution sans pareille.
L'Acid Jazz, style complexe aux multiples facettes, aux nombreuses ramifications trouve son album, l'écrin magnifique qui le fera briller pour le reste de ses jours.
Le voyage est terminé. Le cowboy de l'espace est redescendu. et ne remontera plus jamais aussi haut.

Ze_Big_Nowhere
9
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le 14 mars 2016

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Ze Big Nowhere

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PhilippeAllegre
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unanime

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