The Rise and Fall of Ziggy Stardust and the Spiders From Mars par benton

The Rise and Fall of Ziggy Stardust est un disque important, il contient quelques unes des plus belles chansons pop de tous les temps mais il n'est quand même pas si parfait que cela, et plus le temps passe plus je trouve que les scories ressortent. Oui, il y a beaucoup de musicalité, chaque chanson ressemble à un tube, les refrains brillent, les mélodies sont luxueuses... mais il y a aussi beaucoup de gras, des chansons qui manquent en quelque sorte de simplicité, d'efficacité brute. C'est plutôt indiscernable lors des premières écoutes, la découverte peut en effet s'avérer euphorique, mais cela me frappe à chaque réécoute. Force est de constater que je m'emmerde par moment.


Et j'impute cela à ce gras relatif, ces passages instrumentaux plus ou moins inspirés, ces guitares ou ces cuivres un peu minaudiers et languides, qui ne savent pas faire dans la retenue ou l'émotion sincère. A ma grande surprise, j'ai l'impression que Ziggy Stardust annonce ni plus ni moins (déjà) les travers d'Aladdin Sane, cette passion irraisonnée et déraisonnable pour la musique américaine, la soul, les cuivres, le rock'n'roll qui sent la parodie copie carbone sous naphtaline. Oui, Bowie singe déjà beaucoup, ce qui fait que l'album manque vraiment de cohérence, de liant, et d'émotion tout simplement.


Plus ça va et moins je comprends le rapport entre la force de Five Years et les envolées électriques chaloupées de Moonage Daydream, entre la virtuosité de Starman et les gros sabots de It Ain't Easy, sans parler des balourds Star et Hang On To Yourself (ce sont eux, en partie qui annoncent clairement Aladdin Sane). Même un morceau comme Soul Love - Ziggy Stardust aussi (Starman également, si si, réécoutez la fin du titre) - n'est pas épargné par des parties instrumentales boursouflées. Oui c'est ça en fait, le disque me paraît pataud, la production manque de légèreté, d'épure, alors que dans le même temps certaines des meilleures mélodies tutoient les cieux. Hunky Dory faisait mieux à ce niveau, c'est un disque qui respire malgré une deuxième moitié d'album plombante.


Donc voilà, il manque une âme, une identité à Ziggy Stardust. J'aimerais voir un peu de David Bowie à travers ces 11 titres, savoir ce qui le définit, et ce en quoi il croit, un peu de sincérité et de spontanéité au-delà de ce qui - il faut bien finir par l'avouer - n'est qu'un show, une représentation théâtrale. Rock 'n' Roll Suicide se veut tragique, épique ? Il est trop calculé pour être émouvant, derrière l'effet impressionnant, c'est froid, clinique.


Après, Ziggy Stardust reste un bon album, mais je trouve qu'il est légèrement surfait, il a du mal à résister au temps, passée la découverte pétaradante et la poudre balancée aux yeux. J'essaye juste de comprendre pourquoi je continue à apprécier l'album et en même temps à le trouver un peu chiant, pourquoi je n'ai pas gardé un enthousiasme naïf face à certaines chansons qui m'aguichent constamment mais semblent dans le même temps me narguer d'un air moqueur. Restent Five Years, que j'ai considéré à l'époque comme la plus grande chanson pop qui soit - justement car elle fait preuve de retenue, d'un certain dépouillement avant l'explosion cathartique ? - et Starman dont le refrain s'envole à chaque coup au firmament.

benton
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le 10 janv. 2018

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