Dans la chaleur d'un ennui

J'écoute The Slow Rush, le nouvel album de Tame Impala, en confinement. Rien ne m'obligeait. Dehors, il fait beau.

Ça commence bien avec "One More Year" qui se marie avec ce début de chaleur printanière. Le morceau pourrait, avec la voix et les effets, provenir d'un album de Merz, alias Conrad Lambert, avec sa texture électronique et exotique. Il transporte. Après, ça se gâte avec de la pop pour salon branché et une voix à la Patrick Juvet. "Instant Destiny", son synthé soufflant ses boucles rétro-futuristes et "Borderline" vont révéler que je me trouve dans un endroit immaculé de propre, que l'on va me donner que du lait à boire et qu'une aguicheuse en petite tenue, vêtue de blanc ensoleillé comme dans une publicité de lessive, va tenter de me séduire en s'imaginant que ça va me faire crac boum huhuhu.

T'as pas gagné ma jolie. Déjà, je n'aime pas boire de lait et comme bande son de la situation, réserve ça à un minet que tu as trouvé en boîte de nuit. Il y a erreur sur ta marchandise, je ne suis pas le beau triton que tu rêvais de pêcher. Parce que l'ambiance devient vite emmerdante et ce sera le cas durant le reste du disque. Loin de moi de mettre à mal l'artiste, il fait bien son truc. Mais sa musique, ici, même bien produite et chiadée, fait l'effet d'un anxiolytique qu'on n'a pas voulu avaler.

Tiens, cet autre son de synthétiseur ! Kevin Parker joue du Supertramp sur "It Might Be Time" !?

"Tu aimes Supertramp, me dit-elle ?
- Heu, il m'arrive d'écouter ! (Oups, je tends la perche !)
- Tu veux qu'on en écoute ?
- (Je suis mal barré !) Heu, je dois m'en aller ! Désolé !"

Qu'elle ne se vexe pas, la sirène, malgré ses vaines tentatives de me faire baver entre ses danses du ventre et ses regards attisés. Je pars. J'ai peut-être échappé à Ti Amo de Phoenix, évité "Tarzan Boy" de Baltimora, fuit probablement sans le savoir à "Nothing Gonna Change My Love For You" de Glenn Medeiros.

Oui, je suis un mufle !

Je descends de ma situation imaginaire. Je vais chercher une bière au frigo. Il est temps d'écouter quelque chose qui met la niaque !

Critique légèrement modifiée le 30 mars 2020