The Velvet Underground & Nico par GrainedeViolence

LA base. La légende commence ici. Une collection de chansons à trois accords qui changèrent la face du monde. Ici, on fait du rock comme de la littérature, la musique devient une expérience psychique sérieuse, la spontanéïté du gang n'étant pas qu'un gage d'énergie mais surtout d'exploration, d'expérience, de liberté. Disque d'une fraicheur éternelle, véritable fontaine de jouvence musicale dont l'insolence et l'arrogance typiquement adolescente sont contrebalancées par un traitement très adulte et réaliste des textes. Violence, drogues, sexualité déviante et paranoïa sont les thèmes abordés, sans concession ni complaisance, à travers les mots inoubliables d'un Lou Reed déjà au sommet de son art. La douceur perverse de Sunday Morning cache une peur panique du monde extérieur. L'attente du dealer sur Waiting for the Man rappelle la description du manque par William Burrough dans le Festin Nu ("He's never early, always late, first thing you know is you've always got to wait"). Femme Fatale parle d'une séductrice cruelle et manipulatrice, Venus in Fur est la référence en matière de sexualité sadomasochiste, All Tomorrow's Parties est le portrait poignant d'une freak rejetée de tous, Heroin se passe de description. Et au milieu, I'll Be Your Mirror est une déclaration d'amour fragile et rassurante, une face méconnue de Reed, qui, ponctuellement au cours de sa carrière, dévoilera un âme de coeur d'artichaud attachant (si si). En quelques mots, il faut juste se dire que dans le premier album du Velvet Underground, on retrouve Lou Reed, John Cale et Nico, et qu'il s'agit là de trois des artistes les plus importants de la culture underground, une broutille, quoi. Indispensable, bien sûr.