Trespasser
6.8
Trespasser

Album de Art d’Ecco (2018)

Du Canada nous provient un premier album ahurissant sorti ce mois-ci (ndlr : en octobre 2018), et on est prêt à parier que vous n’avez pas fini d’entendre parler de cet artiste et de ce disque. Look décalé, voire improbable, mais qui suscite plus la curiosité que le rire ou la moquerie, imagerie soignée et pose étudiée, cachant son visage derrière un maquillage exacerbant l’androgynie de ses traits, aujourd’hui on vous présente le mystérieux Art d’Ecco et son debut album « Trespasser ».


Basé dans les Gulf Islands au large de Vancouver et de Seattle, un cadre atypique et isolé où cet artiste dont on ne sait pour l’instant rien d’autre que son nom de scène intriguant et évoquant une certaine artificialité dans la sophistication contrôlée de son image et de son style, Art d’Ecco envahit discrètement les réseaux sociaux et les plateformes musicales depuis quelques jours et la sortie chez Paper Bag Records de son premier album, « Trespasser ».


Précédé de deux singles, « Never Tell » et « Nobody Home », où l’on retrouve cette théâtralité minutieusement mise en scène, un goût du costume bizarre et décalé et une volonté poussée de revendiquer une androgynie tant vocale et visuelle, le disque séduit immédiatement par le bouillon d’influences parfaitement digérées qui transpire de cette pop élégante et un peu folle. Le personnage et le timbre feutré évoquent bien sûr un Bowie en pleine furie glam ou un Marc Bolan au sommet de son art, les poses sur les différents visuels qui circulent nous rappellent tristement que le grand Lindsay Kemp nous a quittés, mais que son art lui survit, et les arrangements montrent eux qu’on peut allier bubble gum, glam rock et dance rock plus moderne, biberonné aux extravagances sonores de Moloko, Goldfrapp ou de Daphne Guiness.


Ailleurs sur le disque, des passages carrément plus expérimentaux ou psychédéliques attestent non seulement des talents de compositeur et d’arrangeur de l’artiste, mais de sa prédilection pour quelques groupes aussi colorés que Of Montreal, Deerhunter ou MGMT. Une playlist très pointue concoctée par l’artiste sur Spotify en atteste. L’album a par ailleurs le très bon goût de s’achever sur une ballade de space pop acoustique digne des meilleurs moments de Bowie, comme un hommage à l’idole éternelle des créatures pop et queer.


Bref, avec des titres tous plus étonnants les uns que les autres, qui allient savamment « la bonne trouvaille » de studio à l’exigence d’efficacité du tube pop, Art d’Ecco n’a pas fini de nous emmener dans son univers décalé, mais bien défini. Gageons que nous ne serons pas les seuls à être séduits.


Clip de "Never Tell"


Critique originalement parue sur indiemusic

Krokodebil

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