Ce premier album d’Interpol restera comme l’un des plus beaux actes manqués à ma connaissance.


Tout dans ce disque préfigure, à défaut d’un chef d’œuvre, un classique : un chanteur expressif, des musiciens remarquables (la section rythmique est excellente), une volonté de réconcilier les années 1980 et 1990 (les mélodies dépressives de la cold wave mêlées aux guitares quasi noisy du rock indépendant) et on se retrouve finalement avec un album sacrément inégal.


Interpol ne manque pas de talent, ni même de génie (oui j’ose), puisqu’il suffit d’écouter « Obstacle 1 » et surtout l’immense « Untilted » pour constater qu’ils sont au-dessus de la moyenne. En vérité, ce qui leur manque c’est surtout de la constance. Personne n’en parle, mais cette médiocrité gênante qu’on entend sur « Obstacle 2 » et « Leif Erikson », désamorce toute tentative de sacralisation de cette œuvre. Interpol s’enlise parfois, préférant faire une musique inodore alors qu’il sortait de son chapeau des chansons formidables quelques minutes plus tôt (les pistes 5 et 6 sont prometteuses mais peine à captiver malgré des idées intéressantes).


Ne faisons pas de mauvais procès à ces mecs en costard. Turn On the Bright Lights est très bon. Surévalué mais très bon. Il a juste le malheur d’annoncer le pire de l’indie rock des années 2000. C’est-à-dire un pop rock amorphe qu’on plébiscitera en société même si c’est de la musique assez chiante.


Pour le moment, tout va bien. On peut encore affirmer que l’indie rock c’est génial et que le revival a l’air d’être un phénomène très prometteur.


Cela ne durera pas.


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Seijitsu
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le 24 juil. 2015

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