Unknown Pleasures, c'est le premier des deux seuls albums d'un groupe qui n'a pas eu besoin de s'éterniser pour marquer l'histoire de la musique de son sceau. Du post-punk à la construction d'apparence simpliste, comme toute branche du punk qui se respecte. L'écoute distraite donnera le sentiment d'un album brut un peu tristounet, à la construction pas très élaborée et aux sonorités parfois expérimentales, agressives, parfois kitsch. Les musiciens ne démontrent pas un réel bagage technique, ni le chanteur qui chante presque faux.
Mais l'écoute attentive et avertie ira bien plus loin. Loin d'être superficielle, la froideur qui se dégage des paroles, des instruments et de la voix est celle d'un homme d'apparence froide et détachée. Plus vécu qu'interprété, Unknown Pleasures est une œuvre dépressive et chaque morceau le rappelle à sa manière. Ian Curtis est torturé intérieurement, et le dit, le répète, le martèle par le biais de paroles toujours plus plaintives, dans des mélodies étonnamment monotones. Une monotonie que l'album rend terriblement intrigante et envoûtante.
Cependant le mérite revient à l'ensemble du groupe. Ainsi qu'à l'ingénieur du son. Car à l'approche des années 80, Joy Division propose un son psychédélique remis au goût du jour, innovant et travaillé, qui influencera par la suite de nombreux artistes. Et la qualité de création de l'ensemble des membres, sans Ian, sera confirmée avec les œuvres de New Order.
Ian Curtis, qui se suicide un an après, laisse derrière lui un héritage magnifié par le mythe auquel il se réfère. Le mythe d'un artiste miné, au bord du gouffre, nous quittant à 23 ans seulement alors que Joy Division s'apprêtait à être propulsé dans la sphère des grands noms du rock.
Ciao l'artiste.