Plus ça change, plus c'est pareil

Ecrire des critiques musicales ne m'intéresse pas vraiment, mais au vu de ce que je lis ici je me sens obligé de me faire l'avocat du diable. Premièrement parce que les gens font preuve de beaucoup trop d'indulgence à l'égard de "l'intouchable" Josh Homme ; deuxièmement parce que malgré les critiques majoritairement positives, chacun y va quand même de sa petite pique insultante à l'encontre des détracteurs de cet album.

On doit être quelques-uns à ne pas aimer cet album et à n'être ni des conservateurs, des pisse-froids ou des gardiens du temple.

En apprenant la sortie d'un album plus pop produit par Mark Ronson, j'étais plutôt content. Homme a toujours voulu faire de la musique dansante, et en a déjà parsemé la discographie de QOTSA ça et là. Il était temps qu'il assume pleinement ce côté pop que son groupe cachait sous cette étiquette "stoner" qu'on leur colle toujours mais qui ne leur correspond plus depuis des lustres. Je n'ai aucun à priori négatif sur Ronson, qui est bon dans ce qu'il fait.
Le premier single m'a semblé un peu putassier avec ses clap clap en boucle, mais se révèle assez efficace, et dans le ton de ce qui était annoncé : c'est court, nerveux, très radio-friendly, on bouge son popotin. Chouette !

On pourrait donc s'attendre à ce que l'album soit dans cette même veine, puisque c'est ce qu'on nous a vendu. Et bah non. A part le très bon et très Crampsien Head Like a Haunted House, il n'y a rien qui va dans ce sens sur les 7 pistes restantes.
Il est où le côté pop et dansant ? Vous danserez, vous, sur Fortress ou Un-reborn Again ?
Première déception. Mais soit, c'est surement moi qui ait mal compris la direction qu'allait prendre cet opus, et le reste des titres vaut surement le détour.

Et bah non. Les compos sont d'une incroyable platitude, la production ultra lisse, les riffs mous et surtout ça manque vraiment d'inspiration. Ça me fait mal de dire ça, mais on s'ennuie ferme pendant les trois quarts du disque. Ça ne décolle jamais réellement. Il ne s'y passe pas grand chose d'intéressant après la piste 2, mis à part un réveil en sursaut sur la 5. Et surtout, certains titres semblent déjà entendu ailleurs dans la discographie de Homme. C'est le cas de The Evil Has Landed, le soi disant morceau de bravoure de Villains, qui parait tout droit tiré du disque des Crooked Vultures. On frôle pas mal la redite, comme si Josh avait un générateur automatique de chansons de QOTSA qui lui copie/colle des titres sans qu'il ait à forcer son talent. Résultat, on se retrouve avec une collection de faces B sympathiques mais fades et déjà entendues.

Du coup, j'ai l'impression de passer à côté d'un truc : où est ce changement de direction dans leur discographie, ce virage dont tout le monde parle ? C'est l'ajout d'un (trop) discret synthé sur 2 ou 3 titres qui fait crier tout le monde à la révolution ? Homme a déjà fait du dansant avec les Eagles of Death Metal, du pop avec les Queens, du groovy avec les Vultures, je n'ai donc pas vraiment eu de surprise à l'écoute de ces nouveaux titres, hormis l'excellente première piste Feet Don't Fail Me et sa nappe de claviers. Ce nouveau QOTSA ressemble fichtrement à du vieux QOTSA, mais sans l'audace et les idées.

Ce n'est pas un mauvais album, mais ce n'en est pas un bon non plus. C'est un disque paresseux, avec quelques fulgurances mais beaucoup trop de titres bouche-trou insipides (coucou Hideaway !). Josh Homme a beau clamer haut et fort qu'il prend des risques et qu'il ne respecte aucun code, son album est tout de même bien sage et moins osé que son récent Post Pop Depression, qui était lui un vrai contre-pied. Pas vraiment pop, ni totalement stoner, ce disque fait des compromis, alors que le groupe n'en faisait jamais jusqu'à présent.

Le constat est dur, mais la déception est grande car ils savent faire mieux que ça. Villains est pour moi leur livraison la moins créative et la moins intéressante de toute leur discographie.