Warpaint
6.5
Warpaint

Album de Warpaint (2014)

Les anciennes protégées de John Frusciante sortent leur second album éponyme, 4 ans après l’étonnant The Fool. Coproduit par Mark Ellis alias Flood (U2) et mixé avec l’aide de Nigel Godrich (Radiohead) Warpaint intervient quelques mois après la présentation du séduisant premier single Love Is To Die.

Le rock indépendant féminin va à nouveau marquer l’année avec le retour des quatre californiennes, alors que 2013 a déjà vibré sur le son garage de Bleached, le blues de Deap Vally, le soft rock des soeurs Haim ; trois groupes aussi venus de Los Angeles; ou encore le punk londonien de Savages. Mais Warpaint reste à part de ces nouvelles révélations dans cette catégorie, étant une formation plus ancienne et avec une discographie déjà bien développée.

Formé en 2004, le groupe a longtemps tâtonné sur la direction musicale à emprunter et a subit de nombreux changement de membres, avant de rester fixé sur les quatre artistes présentes aujourd’hui. L’actrice Shannyn Sossamon (2004-2008) et Josh Klinghoffer des Red Hot Chili Peppers (2009) se sont ainsi succédé à la batterie avant l’arrivée définitive de Stella Mozgawa. A ses côtés Emily Kokal, Theresa Wayman et Jenny Lee Lindberg restent toujours le noyau dur de la formation depuis ses débuts et l’EP Exquisite Corpse, sorti avant que le groupe ne signe chez Rough Trade.

Après quelques années d’absence, le quatuor n’a pas abandonné son shoegaze sombre et planant qui avait dessiné les grands traits des 9 pistes de The Fool. Le nouvel album s’inscrit assez bien dans la continuité de son prédécesseur, mais cependant, il ne se dispense pas d’apporter un certain nombre d’évolutions, en ajoutant des ingrédients inédits jusqu’alors dans les morceaux du groupe. Les guitares, encore la base de leur identité musicale, semblent un peu moins présentes et vitales pour les compositions, tandis que des sonorités électroniques, des lignes de basse plus nerveuses, des beats empruntés au hip hop et des percussions occupent d’avantage d’espace. Le tout est toujours accompagné par le jeu de voix entre Emily Kokal et Theresa Wayman, sensuelles et mystiques, donnant une touche assez baroque au rock de Warpaint. Keep It Healthy et son intro en ouverture réalisent une parfaite transition entre ce nouvel LP et le précédant, en introduisant des synthés aux côtés des riffs de guitares houleux dont le quatuor nous habitue depuis ses débuts. Ces guitares s’effacent ensuite pour donner libre place à la puissante ligne de basse de Jenny Lee Lindberg et qui ne nous quittera plus tout au long des douze pistes de l’album. On la retrouve ainsi au premier plan de Love Is To Die et son refrain obsédant. Cette même basse débute en solo sur la sublime chanson Hi, avant que ne viennent s’y mêler des beats urbains. Les influences hip hop annoncées par le groupe pour ce nouvel album apparaissent effectivement aussi en toile de fond. On les retrouve davantage par la suite avec le déroutant Disco//Very, véritable OVNI du disque tellement les voix résonnent différemment et l’instru percutante et psychédélique vient rompre la sombre douceur dominante. En effet, le quatuor comme à son habitude, n’a pas alourdi ses compositions de lourdes productions, et après le déroutant Disco//Very, on retrouve à nouveau une atmosphère légère et mélancolique. Teese est ainsi sûrement l’un des morceaux les plus apaisés du LP, avec une partie instrumentale très épurée sortant du paysage rock pour flirter avec des influences plus proches de la folktronica. Les sonorités électroniques quant à elles s’ancrent surtout dans Biggy et Drive, emmenées par des synthés obscurs dans un style proche de la new-wave. Enfin Son en clôture, caractérisée par un piano-voix et une batterie au rythme militaire, ajoute une superbe balade à l’album, qui rappelle le léger Baby dans la dernière partie de The Fool. Warpaint est donc une belle invitation au voyage, en toute tranquillité.

Sans renoncer totalement à son style de base, le groupe propose diverses évolutions, nous emmène dans diverses contrées musicales, pour expérimenter de nouveaux sons dans le sillage de la dream pop et du post-rock. Les quatre californiennes ont ainsi réalisé un album plus hétérogène et encore plus troublant que The Fool. Le difficile cap du deuxième album est passé avec brio, de même que celui de la maturité. Une belle expérience en perspective pour les curieux présents à leur set au Pitchfork Festival en novembre à Paris, et qui est à revivre ce lundi au Trabendo, jour prévu de la sortie de ce second opus via le label indépendant londonien Rough Trade (distribué par Beggars en France).
Charliiiie78
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le 12 août 2014

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Charliiiie78

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