Whatever People Say I Am, That’s What I’m Not est probablement la quintessence version 21e siècle d’un album victime de son propre succès. Sanctifié par le NME et autres magazines spécialisés (ou non), le premier album des Arctic Monkeys a battu toutes sortes de records au Royaume-Uni pour faire du groupe de Sheffield le nouveau visage de la scène indé anglaise. On s’attend donc à un chef-d’oeuvre lorsque qu’on appuie sur lecture et beaucoup de ceux qui découvrent l’album aujourd’hui sont finalement déçus.


Ce que vous propose Whatever People Say I Am […] est un condensé de 40 minutes de rock énergique qui fait la liaison entre post-punk, garage rock et d’autres styles de rock plus directs. S’il y a bien un domaine dans lequel le groupe se distingue, c’est dans ce côté histoire/anecdote qu’a chaque chanson. Écrites par Alex Turner, elles ne racontent rien de fantastique mais leur écriture est brillante, au point qu’il m’est difficile de trouver un meilleur auteur dans le même registre musical.
L’appréciation globale de l’album dépendra alors de celle de l’approche d’Alex Turner qui privilégie les couplets verbeux et rythmés aux refrains pour faire chanter les foules. Si la multiplication de titres centrés sur les couplets peut parfois donner l’impression que certaines chansons sont similaires, on est forcé d’admettre que Turner vole la vedette à toute une génération de groupes de rock dont il devient un des frontmans les plus charismatiques.
L’absence de bons gros refrains est peut-être justement ce qui a permis à l’album de vieillir aussi bien avec des singles qui résistent bien mieux au passage en boucle à la radio que la plupart des autres hits de la même période. Le travail effectué sur les deux guitares est aussi intéressant, je trouve d’ailleurs surprenant qu’on ne souligne pas plus souvent la qualité des compositions de Jamie Cook lorsqu’on évoque les forces du groupe. J’irais même jusqu’à dire que l’abandon de parties guitare substantielles est la raison de la médiocrité des albums du groupe après Favourite Worst Nightmare et jusqu’au réveil des musiciens sur AM.


Que peut-on reprocher à cet album ? Probablement un certain manque de variété. Individuellement, il n’y a presque rien à reprocher aux chansons du groupe du Yorkshire. En revanche, on peut ressentir un peu de lassitude lorsqu’on écoute l’album d’une traite: mis à part quelques titres un peu plus lent comme A Certain Romance, la plupart de l’album a une sonorité identique ou presque et en conséquence les dernières pistes nous sembleront un peu moins bonnes que les premières.


{S'il ne fallait garder qu'un titre}: I Bet You Look Good on the Dancefloor, inévitable. Une de leurs meilleures chansons de leur discographie à ce jour..

Red_in_the_Grey
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le 21 août 2017

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